Les enjeux de la visite de François au Maroc
Olivier Bonnel, envoyé spécial à Rabat
Ce 28ème voyage apostolique a une triple dimension. C’est avant tout une nouvelle étape dans le dialogue interreligieux. Le Pape sera accueilli par le roi Mohamed VI, commandeur des croyants, dont la famille descend du Prophète Mahomet. Quelques semaines après son voyage historique à Abu Dhabi où il avait signé le Document “ aux côtés du grand imam d’Al Azhar, François se rend de nouveau sur une terre musulmane, réputée pour sa tolérance, prônée par les plus hautes autorités.
Le rapprochement entre le Saint-Siège et le Maroc s’est concrétisé ces dernières années. Il y a un an, plusieurs professeurs d’universités pontificales ont participé à Rabat à une journée islamo-chrétienne voulue par l’Académie du Royaume du Maroc. Un important accord a été signé à cette occasion entre le Saint-Siège et une importante organisation d’oulémas proches du roi, la Rabita Mohammedia, afin de tenir des rencontres tous les deux ans sur des thèmes choisis en commun.
Le Pape visitera samedi l’institut Mohamed VI de formation des imams, qui forme des prédicateurs du monde entier dans l’intention de lutter contre les courants extrémistes de l’Islam. François sera aussi dans les pas de son prédécesseur Jean-Paul II, qui lors de sa venue au stade de Casablanca avait lancé devant les jeunes Marocains un véritable plaidoyer pour construire des ponts . «Le dialogue entre chrétiens et musulmans est aujourd’hui plus que jamais nécessaire» avant lancé le pape polonais. Des mots qui résonnent encore aujourd’hui.
Une terre de migrants
Autre temps fort de ce voyage au royaume chérifien, les migrants. Pays bordé par la Méditerranée, le Maroc est une porte d’entrée de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne, de passage vers l’Europe qu’elle touche presque - Tanger n’est qu’à une trentaine de kilomètres de la côte espagnole.
Le Pape ira rendre visite à la Caritas qui est très active dans l’accueil de ces personnes. À Rabat, Casablanca et Tanger, Caritas Maroc soutient environ 4 000 migrants par an avec des actions de santé, de formation professionnelle, de psychologie. Ces migrants ont transformé le visage de l’Église catholique au Maroc. Si lors de la visite de Jean-Paul II en 1985, les catholiques du pays étaient majoritairement des expatriés blancs, c’est aujourd’hui l’inverse.
Les périphéries du Maroc
Ce voyage aura enfin une dimension sociale avec une visite “aux périphéries”, étape obligée des voyages pontificaux de François. Dimanche, il commencera sa journée en visitant le centre rural des services sociaux de Témara, au Sud de Rabat, une structure tenue par les Filles de la Charité et qui vient en aide aux plus pauvres, analphabètes et malades. Une visite symbolique, inscrite à l’agenda avant de visiter la cathédrale en plein centre-ville.
Nul doute que lors de ses rencontres, notamment avec le peuple marocain sur la superbe esplanade de la tour Hassan samedi, le Souverain Pontife saura évoquer les défis sociaux du Maroc notamment l’importance du lien intergénérationnel dans un pays où de nombreux jeunes peinent à trouver un travail.
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