Au Maroc, le Pape défend la liberté religieuse et un dialogue authentique
À peine descendu de l’avion, le Pape, accompagné du roi Mohammed VI, a gagné le Mausolée Mohammed V, -qui abrite les tombes du père et du grand-père de l’actuel monarque-, où l’attendait une foule joyeuse de Marocains venus l’accueillir. Après une allocution du roi, -en arabe, espagnol, anglais et français-, François a pris la parole pour s’adresser au peuple, aux autorités, aux représentants de la société civile et au corps diplomatique rassemblés sur l’esplanade de la tour Hassan.
Le chemin du dialogue contre l’extrémisme
Après avoir remercié le roi pour son accueil et exprimé sa joie d’être dans ce pays «riche de beautés naturelles» et «gardien de civilisations antiques», le Pape a rappelé que ce voyage était «une importante opportunité pour promouvoir le dialogue interreligieux», en cette année où l’on commémore le 8e centenaire de la rencontre entre saint François d’Assise et le Sultan al-Malik al-Kamil. Pour François, cet événement historique manifeste que «le courage de la rencontre et de la main tendue est un chemin de paix et d’harmonie pour l’humanité, là où l’extrémisme et la haine sont des facteurs de division et de destruction».
Prônant l’union des forces pour la construction d’un monde plus solidaire, le Saint-Père a redit l’urgence de développer et promouvoir inlassablement une «culture du dialogue comme chemin à parcourir»; «il est en effet indispensable d’opposer au fanatisme et au fondamentalisme la solidarité de tous les croyants, ayant comme références inestimables de notre agir les valeurs qui nous sont communes», a-t-il précisé, saluant au passage le travail accompli par l’Institut Mohammed VI pour les Imams, les prédicateurs et les prédicatrices qui se donne pour but d’offrir une formation adéquate contre toute forme d’extrémisme.
Assurer la liberté religieuse
L’édification de ponts entre les hommes ne peut faire l’impasse sur le facteur religieux, a affirmé le Pape, rappelant que «la foi en Dieu nous conduit à reconnaître l’éminente dignité de tout être humain, ainsi que ses droits inaliénables». Parmi ces droits: la «liberté de conscience et la liberté religieuse – qui ne se limitent pas à la seule liberté de culte mais qui doivent permettre à chacun de vivre selon sa propre conviction religieuse» et qui sont «inséparablement liées à la dignité humaine» a ainsi déclaré François, invitant encore à passer «de la simple tolérance au respect et à l’estime d’autrui». A cet égard, le Pape a évoqué la Conférence internationale sur les droits des minorités religieuses dans le monde islamique qui s’est tenu à Marrakech en 2016 et qui avait souligné «la nécessité de dépasser le concept de minorité au profit de celui de la citoyenneté».
Ce dialogue authentique doit également tenir compte «du monde dans lequel nous vivons, notre maison commune», a encore ajouté le Pape, appelant de nouveau à une «conversion écologique» et à une action efficace et coordonnée pour trouver des solutions aux fléaux qui frappent la maison commune.
Crise migratoire et accueil des réfugiés
Le Souverain Pontife a également parlé de la crise migratoire et notamment du Pacte mondial de l’ONU sur les migrations adopté par plusieurs nations à Marrakech, il y a quelques mois. «Il faut passer des engagements pris avec ce document (…) à des actions concrètes et spécialement à un changement de disposition envers les migrants, qui les considèrent comme des personnes, non comme des numéros», a notamment assuré le Pape, évoquant un sujet qui lui tient particulièrement à cÅ“ur. «J’espère que le Maroc (…) voudra continuer à être, dans la communauté internationale, un exemple d’humanité pour les migrants et les réfugiés, afin qu’ils puissent être, ici, comme ailleurs, accueillis avec humanité et protégés, qu’on puisse promouvoir leur situation et qu’ils soient intégrés avec dignité», a fait savoir le Pape, pour qui le phénomène ne trouvera aucune solution «dans la construction de barrières, dans la diffusion de la peur de l’autre ou dans la négation de l’assistance» à tous ceux qui en ont besoin.
Le Pape a conclu son discours en évoquant les chrétiens vivant au Maroc, -des migrants pour la plupart-, «qui se réjouissent de la place qui leur est faite dans la société» et soucieux de «prendre part leur part à l’édification d’une nation solidaire et prospère». Et le Souverain Pontife de souligner l’engagement «significatif» de l’Église dans le pays, à travers ses Å“uvres sociales, surtout dans le domaine de l’éducation pour tous. François a enfin encouragé les catholiques et les chrétiens à être «des serviteurs, des promoteurs et des défenseurs de la fraternité humaine» dans le pays.
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