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Messe à Rabat: le Pape invite à dépasser les tentations de haine, à se redécouvrir frères

Dernier temps de ce voyage au Maroc: la messe célébrée par le Pape François au stade Moulay Abdellah de Rabat, devant plus de 10 000 personnes. Le Saint-Père a invité les fidèles à dépasser les tentations de haine et de division, à contempler le Père pour se redécouvrir frères.

Plus de 60 nationalités étaient représentées dans ce stade joliment décoré et aménagé avec soin pour cette liturgie eucharistique joyeuse, animé par une chorale de plus de 500 personnes, des migrants pour la plupart. Surplombant l’autel: une reproduction de la croix du monastère de Tibhirine.

Le fils ainé de la parabole

Le Pape a centré son homélie sur la parabole du Fils prodigue (Luc 15, 1-3.11-32), -proposée par la liturgie en ce dimanche de Laetare-, et plus particulièrement sur la figure du fils ainé, qui récrimine contre son père pour l’accueil festif réservé à son frère, de retour après avoir mené une vie dissolue. Incapable de participer aux réjouissances, il ne reconnait pas son frère, -qui demeure perdu à ses yeux-, ni même son père. «Il préfère la situation d’orphelin à la fraternité, l’isolement à la rencontre (…). Non seulement il lui est difficile de comprendre et de pardonner à son frère, mais il ne peut pas non plus accepter d’avoir un père capable de pardonner, (…) un père capable de ressentir de la compassion», analyse le Pape.

Tentations de division et de vengeance

Dans cette parabole transparait ainsi tout le «mystère de l’humanité», affleure cette «tension vécue dans nos peuples et nos communautés, et aussi en nous-mêmes. Une tension qui, depuis Caïn et Abel, nous habite et que nous sommes invités à regarder en face: qui a le droit de rester parmi nous, d’avoir une place à nos tables et dans nos assemblées, dans nos préoccupations et nos occupations, sur nos places et dans nos villes ? Cette question fratricide semble continuer à résonner: Est-ce que je suis le gardien de mon frère ? (cf. Gn 4, 9)». Sur le seuil de cette maison, affirme encore François, apparaissent les divisions et affrontements, l’agressivité et les conflits qui guettent parfois nos grands désirs; mais apparait surtout le désir du Père, qui veut que tous ses enfants soient sauvés et participent à sa joie.

Elles sont nombreuses les circonstances qui peuvent nourrir et légitimer la division, la confrontation et la soif de vengeance, reconnait le Pape qui alerte aussi sur les conséquences désastreuses que ces sentiments engendrent, en tuant l’âme des peuples, en empoisonnant l’espérance des enfants, en détruisant tout ce que nous aimons. Aussi, Jésus nous invite-il à contempler son Père. C’est uniquement à cette condition que nous pourrons «nous redécouvrir frères», «dépasser nos logiques à courte vue», «parvenir à un regard qui ne prétend pas clore ni abandonner nos différences en cherchant éventuellement une unité forcée ou la marginalisation silencieuse». Pour le Pape, c’est en levant les yeux vers le Ciel et en disant Notre Père, que nous pourrons nous regarder et «prendre le risque de vivre comme des frères». Le père de la parabole enjoint son ainé à participer à sa joie, à son amour, à sa compassion, «l’héritage et la richesse les plus grands du christianisme». Il nous rappelle qu’il existe une condition, -autre que sociale, morale ou ethnique-, impossible à enlever ou à détruire, car «pur don»: celle «d’enfants aimés, attendus et célébrés par le Père». Et il serait regrettable de «réduire cette appartenance de fils à une question  de lois et d’interdictions, de devoirs et de conformités», a prévenu le Pape.

Une fin ouverte

L’évangéliste Luc ne dit rien sur la fin de cette parabole: elle est ouverte, «pour que chaque communauté, chacun de nous puisse l’écrire avec sa vie, avec son regard et son attitude envers les autres», fait remarquer François. Le Souverain Pontife a enfin tenu à remercier les chrétiens du Maroc «pour les efforts réalisés afin que vos communautés soient des oasis de miséricorde», les encourageant à faire grandir cette culture «dans laquelle personne ne regarde l’autre avec indifférence ni ne détourne le regard quand il voit sa souffrance».

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31 mars 2019, 17:35