ÃÛÌÒ½»ÓÑ

Des Vénézueliens lors d'un angélus place Saint-Pierre en septembre 2017. Des Vénézueliens lors d'un angélus place Saint-Pierre en septembre 2017.  

Venezuela: le Pape évalue la possibilité d’une médiation

Avant d’engager sa médiation dans la crise politique vénézuélienne, le Pape François se réserve le droit «de vérifier les intentions des deux parties». L’Église vénézuélienne, qui insiste sur une solution pacifique, est prête à intervenir.

«Le Saint-Père s'est toujours réservé et se réserve donc la possibilité de vérifier la volonté des deux parties et afin d’évaluer si les conditions sont réunies pour une médiation du Saint-Siège», a déclaré Alessandro Gisotti, directeur par intérim de la Salle de presse du Saint-Siège, répondant aux questions des journalistes sur la crise vénézuélienne, jeudi 7 février.

Condition sine qua non: le dialogue des deux côtés

Selon la diplomatie par «petites étapes» propre au Vatican, le Pape veut s’assurer que les deux parties veuillent dialoguer. À bord du vol Abu Dhabi-Rome, il avait avoué mardi 5 février n’avoir pas encore lu la lettre que lui avait adressé Nicolas Maduro pour lui demander sa médiation, mais il a souligné combien ces gestes «facilitateurs» étaient nécessaires en vue d’un rapprochement. Première étape donc: qu’une demande soit formulée par les deux camps. 
«Nous verrons ce que nous pouvons faire. Mais pour qu'une médiation soit effectuée, la volonté des deux parties est requise: les deux parties doivent la demander. C’est la condition avant de demander la présence d’un observateur ou une médiation». 

L'opposant Juan Guaido, reconnu président par intérim par une quarantaine de pays, demandait mercredi au Pape François de faire «entendre à Maduro la nécessité d'un processus de transition», mais sans se prononcer explicitement sur une médiation.

«Bien sûr, je lance un appel à tous ceux qui peuvent aider, comme le Saint-Père, comme toutes les diplomaties dans le monde, à collaborer pour que cesse l'usurpation du pouvoir et favoriser des élections réellement libres au Venezuela le plus rapidement possible», a-t-il aussi déclaré dans un entretien avec la chaîne de télévision italienne Sky TG24 diffusé jeudi. 

François, attentif à Caracas

La crise au Venezuela a pris un tournant le 23 janvier dernier lorsque le président de l'Assemblée nationale, Juan Guaidó, s'est déclaré Président par intérim. Date coïncidant avec l'arrivée du Pape François à Panama pour les JMJ. Lors de l’angélus du 27 janvier, l’évêque de Rome n’avait pas manqué d'exprimer ses pensées à l'égard du peuple vénézuélien, le priant instamment de toujours rechercher «le bien de tous les habitants du pays».
Déjà en 2014, le Pape avait envoyé un message pour relancer le dialogue, évoquant «l'héroïsme du pardon et de la miséricorde».

Plus récemment, en mai 2017, François exhortait, dans sa lettre aux évêques vénézuéliens, à créer des ponts et à résoudre les graves problèmes du pays, exprimant «son profond chagrin pour les affrontements et la violence» qui, selon de récentes estimations du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme ont coûté la vie à 43 personnes ces derniers jours, en plus de 850 arrestations. L'ONU estime qu'environ 2,3 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2015.

L'épiscopat aux avant-postes

Dans une interview accordée à Aci Prensa, le cardinal Jorge Urosa Savino, archevêque émérite de Caracas, invite lui à prier pour résoudre la crise de manière pacifique. Dimanche 10 janvier, une journée de prière organisée par la Conférence épiscopale du Venezuela avait été organisée afin de demander «paix, réconciliation et liberté».

Autre voix d’Église, le cardinal Baltazar Enrique Porras Cardozo, archevêque de Mérida, a lui affirmé au quotidien italien Il Fatto Quotidiano que le pays est «à bout de souffle»: il n'y a pas d'eau potable, d'électricité, de médicaments et de nourriture. «Ce que nous voulons tous, c’est renforcer la fraternité des Vénézuéliens qui ne veulent pas ouvrir une plaie qui ne guérira jamais», souligne l’administrateur apostolique de Caracas. L’enjeu est précieux: l’unité du pays, sans effusion de sang. 

Ces derniers jours, Mgr José Trinidad Fernández, évêque auxiliaire de Caracas et secrétaire général de la Conférence épiscopale du Venezuela (Cev), s'est à nouveau exprimé sur la situation politique locale. «Nous avons besoin d'une solution négociée, pacifique et respectueuse. Le commandement de ‘’ne pas tuer’’ est particulièrement valable en ce moment; il doit s’agir d’un processus de paix et non de guerre».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

07 février 2019, 17:20