Pour François, la liturgie est une «épiphanie de la communion ecclésiale»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Vingt-deux cardinaux, huit archevêques et onze évêques membres de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements participent à cette Assemblée plénière qui se déroule du 12 au 15 février sur le thème «La formation liturgique du Peuple de Dieu».
Après une messe présidée ce 14 février par le préfet de la Congrégation, le cardinal Robert Sarah, les participants se sont donc rendus au Palais apostolique pour une audience avec le Pape François.
Cinquante ans au service de la liturgie
Le Saint-Père a ouvert son discours sous un angle historique, rappelant que près de cinquante années se sont écoulées depuis l’institution par saint Paul VI, le 8 mai 1969, de la Congregatio pro Cultu Divino, «afin de donner forme au renouvellement voulu par Vatican II». Une année 1969 qui a donné lieu à la publication de documents importants pour la vie liturgique de l’Église, tels que la Constitution apostolique Missale Romanum (3 avril 1969), qui a permis ensuite la promulgation du Missel Romain. Ce furent «les premiers pas d’un chemin sur lequel continuer avec une sage constance», a recommandé le Pape François.
Tourner son cœur vers Dieu
Le Saint-Père a ensuite décrit l’esprit qui doit animer la Congrégation pour mener sa mission aujourd’hui. «Nous savons qu’il ne suffit pas de changer les livres liturgiques pour améliorer la qualité de la liturgie. Pour que la vie soit vraiment une louange agréable à Dieu, il faut en effet changer son cÅ“ur», a expliqué François. C’est vers cette conversion que s’oriente «la célébration chrétienne», élément majeur du travail de la Congrégation. Celle-ci est destinée «à aider le Pape à accomplir son ministère au bénéfice de l’Église en prière répandue sur toute la terre», dans un «esprit de coopération, dialogue, synodalité» avec les conférences épiscopales. «Le Saint-Siège, a affirmé le Pape, ne se substitue pas aux évêques, mais collabore avec eux pour servir, dans la richesse des différentes langues et cultures, la vocation orante de l’Église dans le monde».
Prendre part à la communion ecclésiale
«La liturgie est une vie qui forme, non pas une idée à apprendre», a tenu à rappeler le Souverain Pontife, mettant ensuite en garde contre les dangers d’une liturgie mal comprise. Comme dans d’autres domaines de la vie ecclésiale, a relevé François, il est bon de ne pas s’enfermer dans de «stériles polarisations idéologiques, qui naissent souvent lorsque, considérant ses propres idées comme valides dans tous les contextes, on en vient à adopter un comportement d’éternelle dialectique face à ceux qui ne les partagent pas». «Alors, en partant peut-être du désir de réagir à certaines insécurités du contexte actuel, on risque ensuite de se replier dans un passé qui n’est plus ou de fuir dans un futur présumé comme tel. Le point de départ, a souligné le Pape, est en revanche de reconnaître la réalité de la liturgie sacrée, trésor vivant qui ne peut pas être réduit à des goûts, des recettes et des courants, mais doit être accueilli avec docilité et promu avec amour». La liturgie représente «l’épiphanie de la communion ecclésiale», a poursuivi le Saint-Père. Ainsi, dans les gestes et les prières doit résonner «le ‘nous’ et non pas le ‘je’; la communauté réelle, non pas le sujet idéal». «Quand on regrette avec nostalgie des tendances passées ou que l’on veut en imposer de nouvelles, on risque plutôt de privilégier la partie au tout, l’idéologie à la communion, le ‘je’ au Peuple de Dieu, l’abstrait au concret, l’idéologie à la communion et, à la racine, le mondain au spirituel», a déclaré le Pape.
La formation liturgique, un exercice vivant
Le Saint-Père a consacré la suite de son discours au thème de l’Assemblée plénière. Former à la liturgie le Peuple de Dieu signifie diffuser en son sein «la splendeur du mystère vivant du Seigneur», l’aider à «prendre conscience du rôle irremplaçable que la liturgie revêt dans l’Église et pour l’Église», et finalement à «mieux intérioriser la prière de l’Église, à l’aimer comme expérience de rencontre avec le Seigneur et avec les frères» et «en redécouvrir les contenus», «en observer les rites». La formation liturgique, a rappelé le Pape, ne doit pas se limiter à l’acquisition de connaissances ni à la protection du «juste accomplissement des disciplines rituelles». Pasteurs et laïcs doivent saisir la signification profonde de la liturgie, y compris à travers ses langages symboliques: art, chant, «musique au service du mystère célébré», et silence.
Un chemin de croissance pour tous les chrétiens
Le Pape a fortement encouragé la formation permanente «du clergé et des laïcs, spécialement lorsqu’ils sont engagés dans des ministères au service de la liturgie», mission confiée à la responsabilité des Conférences épiscopales, diocèses, instituts de formations, revues spécialisées. Citant la Constitution , le Souverain Pontife a rappelé qu’«il est donc absolument nécessaire qu’on pourvoie en premier lieu à la formation liturgique du clergé».
La liturgie est «la voie maîtresse par laquelle passe la vie chrétienne en toute étape de sa croissance», a conclu le Pape François. «Travailler pour que le Peuple de Dieu redécouvre la beauté de la rencontre avec le Seigneur dans la célébration de ses mystères, et en le rencontrant, ait la vie en son nom» est donc le «grand et beau» devoir auquel doit se dédier la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements.
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