Messe finale des JMJ: les jeunes sont «lâheure de Dieu»
Adélaïde Patrignani â Cité du Vatican
Quelques heures seulement après la fin de la veillée, à une heure matinale, le Saint-Père est arrivée en papamobile au Campus Saint Jean-Paul II, où des centaines de milliers de jeunes étaient déjà rassemblées. Plusieurs chefs dâÉtats étaient également présents: les présidents du Panama, du Costa Rica, de Colombie, du Guatemala, du Honduras, du Portugal et du Salvador.
Pour éviter une chaleur trop forte, le début de la messe finale de ces JMJ était fixé à 7 heures. Dans la lumière déjà éblouissante du soleil levant, lâimmense assemblée, parsemée de drapeaux de tous les pays du monde, a accueilli le Pape dans la liesse et les chants. Une importante chorale donnait le rythme en applaudissant avec un enthousiasme inlassable.
Au début de la cérémonie, lâarchevêque de Panama, Mgr Jose Domingo Ulloa Mendieta, a prononcé une brève allocution, notamment pour remercier le Pape. Puis la messe a continué, les langues étrangères se succédant au gré des étapes de la célébration. La deuxième lecture a été lue en français.
En Jésus, lâespérance se concrétise
Dans son homélie, le Pape François sâest largement appuyé sur lâÉvangile du jour, tiré de saint Luc (Lc 1, 1-4; 4, 14-21). Un passage où Jésus «révèle lâheure de Dieu qui sort à notre rencontre». Dieu sâincarne en Jésus-Christ pour nous rejoindre aujourdâhui, en tout lieu, à tout moment: câest «lâheure de Dieu qui, avec Jésus, se rend présent, se fait visage, chair, amour de miséricorde qui nâattend pas de situations idéales ou parfaites pour sa manifestation, ni nâaccepte dâexcuses pour sa réalisation», a expliqué le Pape. Ainsi, selon la formule du Saint-Père «en Jésus, lâavenir promis commence et prend vie».
Ils nâont pas reconnu lâAmour
Les personnages de lâÉvangile manifestent cependant bien des réticences. «Tous les habitants de Nazareth nâétaient pas prêts à croire en quelquâun quâils connaissaient et avaient vu grandir et qui les invitait à mettre en Ćuvre un rêve tant espéré», a fait remarquer le Pape. Une attitude qui peut être la nôtre, a mis en garde François: «nous ne croyons pas toujours que Dieu peut être si concret et si quotidien, si proche et si réel, et encore moins quâil se rend si présent et agissant à travers une personne connue, comme peut lâêtre un voisin, un ami, un parent. Nous ne croyons pas toujours que le Seigneur peut nous inviter à travailler et à nous salir les mains avec lui pour son royaume, de manière si simple mais si forte». Autrement dit, les «fois sont nombreuses où nous nous comportons comme les habitants de Nazareth et préférons un Dieu à distance: beau, bon, généreux, mais à distance et qui ne gêne pas».
Un amour exigeant
Il faut donc accueillir Dieu, et par conséquent sâengager à vivre la charité en actes. Un «Dieu proche et quotidien, ami et frère, nous demande de tirer les enseignements en terme de proximité, de vie quotidienne et surtout de fraternité», a souligné le Souverain Pontife. «Il nâa pas voulu se manifester de manière angélique ou spectaculaire, mais il a voulu nous offrir un visage fraternel, amical, concret, familier. Dieu est réel parce que lâamour est réel, Dieu est concret parce que lâamour est concret». Cette exigence peut faire peur, ou susciter le doute envers nos frères. «Et ce qui est né pour être prophétie et annonce du Royaume de Dieu finit enchaîné et appauvri. Vouloir enchaîner la parole de Dieu est chose quotidienne», a regretté le Pape François.
La jeunesse nâest pas une «salle dâattente»
Le Saint-Père sâest alors adressé aux jeunes avec vigueur: «il peut vous arriver la même chose chaque fois que vous pensez que votre mission, votre vocation, que même votre vie est une promesse seulement pour lâavenir et nâa rien à voir avec votre présent. Comme si être jeune était synonyme de salle dâattente de celui qui attend son heure», a déclaré le Pape en une frappante expression imagée. «Et dans lââentre-tempsâ nous vous inventons ou vous vous inventez un avenir hygiéniquement bien emballé et sans conséquences, bien armé et garanti, tout âbien assuréâ. Câest la âfictionâ de la joie», a dénoncé François. Alors, sâest-il désolé, «vos rêves perdent de la hauteur, commencent à sâassoupir et deviennent des ârêvasseriesâ au ras du sol, mesquines et tristes, seulement parce que nous considérons ou vous considérez que ce nâest pas encore votre heure; quâil y a assez de jeunes à sâimpliquer, à rêver et à travailler à demain».
Le Synode, un temps précieux de rencontre
Le Saint-Père a ensuite fait référence au Synode dâoctobre 2018 consacré aux jeunes, mentionnant lâun de ses fruits: «la richesse de lâécoute entre générations, la richesse de lâéchange et la valeur de reconnaître que nous avons besoin les uns des autres, que nous devons faire des efforts pour favoriser les canaux et les espaces où sâimpliquer pour rêver et travailler à demain, dès aujourdâhui. Mais pas de manière isolée», a précisé le Pape, plutôt «ensemble, en créant un espace commun. Un espace qui ne sâoffre ni ne se gagne à la loterie, mais un espace pour lequel vous devez aussi vous battre».
Vous êtes «lâheure de Dieu»
«Chers jeunes», a continué le Saint-Père, «vous nâêtes pas lâavenir mais lâheure de Dieu. Il vous convoque et vous appelle dans vos communautés et vos villes à aller à la recherche de vos grands-parents, de vos aînés ; à vous lever et, à prendre la parole avec eux et à réaliser le rêve que le Seigneur a rêvé pour vous». Après avoir lancé cet appel, le Pape a montré aux fidèles lâimportance de vivre dans lâamour du Père: se laisser aimer par Lui, et Lâaimer en amoureux, à travers notre propre mission. «Ce qui vous fait tomber amoureux atteindra non seulement votre imagination mais aussi affectera tout. Ce sera ce qui vous fera lever le matin et vous poussera dans les moments de lassitude, ce qui brisera le cĆur et ce qui vous remplira dâétonnement, de joie et de gratitude», a souligné le Souverain Pontife. «Sentez que vous avez une mission et tombez-en amoureux, cela décidera tout. Nous pourrons tout avoir, mais sâil manque la passion de lâamour, tout manquera. Laissons le Seigneur nous aimer!», a-t-il lancé.
Face aux obstacles, participer à la joie du Seigneur
Jésus, a insisté le Pape, «nâest pas un âentre-tempsâ dans la vie ou une mode passagère, il est amour de don qui invite à se donner. Il est amour concret, proche, réel ; il est joie festive qui naît en choisissant et en prenant part à la pêche miraculeuse de lâespérance et de la charité, de la solidarité et de la fraternité face à tant de regards paralysés et paralysants, à cause des craintes et de lâexclusion, de la spéculation et de la manipulation», a-t-il assuré. Le Pape François a donc appelé les jeunes à choisir lâabsolu, dès maintenant, pour que les JMJ ne restent pas une simple parenthèse spirituelle: «le Seigneur et sa mission ne sont pas un âentre-tempsâ dans notre vie, une chose passagère. Ils sont notre vie!», sâest-il exclamé.
Marie, modèle de confiance et dâamour
Faisant référence au thème de ces 34e Journées Mondiales de la Jeunesse, le Pape a noté que le âouiâ de la Vierge Marie «a été murmuré de manière spéciale comme une musique de fond» ces derniers jours. «Non seulement elle a cru en Dieu et en ses promesses comme une chose possible, elle a cru en Dieu et a osé dire âouiâ pour participer à cette heure du Seigneur». La Mère de Dieu incarne les traits donnés en exemple par le Pape. «Elle a senti quâelle avait une mission, elle est tombée amoureuse et cela a décidé de tout», a-t-il résumé.
En conclusion, le Saint-Père a rappelé lâimportance de répondre à la Parole que le Seigneur nous adresse dans lâÉvangile: «Aujourdâhui sâaccomplit ce passage de lâÉcriture que vous venez dâentendre» (Lc 4, 21). «Voulez-vous vivre la réalisation de son amour?», a-t-il demandé aux jeunes. Pour cela, le Seigneur nâattend que notre consentement, dans la liberté, jour après jour : «que votre âouiâ continue dâêtre la porte dâentrée, pour que lâEsprit Saint offre une nouvelle Pentecôte au monde et à lâÉglise», a conclu le Pape François.
Au terme de la messe, le Pape a prononcé une prière à Marie, en lui confiant tous les jeunes qui ont participé à ces JMJ de Panama. Il a remercié les jeunes, dont la foi et la joie ont «fait vibrer le Panama, lâAmérique et monde entier». Faisant remarquer que les jeunes ne sont pas seulement le futur de lâÉglise, mais son présent. Le cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, a déclaré dans son mot de remerciements que les JMJ «ont permis aux jeunes de vivre une expérience de communion et de foi, qui les aidera sans doute à affronter les grands défis de la vie et à assumer avec responsabilité leur place et leur mission dans la société et dans la communauté ecclésiale ». Il a insisté sur les fait que les JMJ ne sont que le point de départ dâun processus qui, à travers les jeunes, peut vraiment renouveler lâÉglise et le monde».
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