Le Pape pose les lignes exigeantes de son pontificat lors de ses vœux à la Curie
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Les vÅ“ux 2018 du Pape François à la Curie apparaissent comme un discours fondateur à l’issue d’une année de «tempêtes» pour la «barque» de l’Église. À l’aune des abus de pouvoirs, de conscience ou sexuels commis par des «enfants et des ministres de l’Eglise», le Pape a affirmé ce matin avec force que «l’Église en se ménagera pas» pour contribuer à livrer à la justice «quiconque» ayant commis de telles «abominations».
Et s’il est «indéniable» que par le passé certains responsables ont traité de tels cas sans le sérieux ou la rapidité requis, «cela ne doit plus jamais se produire». C’est le choix et la décision de toute l’Église.
Dans ses vÅ“ux à la Curie, le Pape a appelé les coupables à la conversion, et chacun, en particulier les consacrés, à rejeter les Å“uvres des ténèbres pour revêtir des armes de la lumière (Rm 13,12). «La force d’une institution réside dans sa volonté de purification», a assuré François qui a tenu à souligner, «un vrai motif de joie», le nombre important d’hommes et femmes d’Église qui vivent leur vocation dans la fidélité et le silence, dans la sainteté et l’abnégation.
Lors de ses premiers vÅ“ux, neuf mois après son élection, le Pape n’avait dressé aucun bilan.
En 2013, il avait rendu hommage aux «vieux curialistes exemplaires». Il saluait leur «abnégation, précision et compétence». En patron, il soulignait cependant déjà le risque pour la Curie de «glisser vers la médiocrité» en cas de manque de professionnalisme. Il dénonçait aussi «les bavardages qui abîment la qualité des personnes, du travail et de l’environnement».
Les 15 maladies curiales
Mais à travers le monde, et sans doute à la Curie, ce sont ces deuxièmes vÅ“ux qui restent dans les mémoires. En 2014, le Pape élu notamment pour réformer le gouvernement central de l’Église, avait prononcé un sévère diagnostic de ses dysfonctionnements. Il avait énuméré les 15 maladies ayant gagné le corps de la Curie. Les commérages, la vanité, le manque d’esprit d’équipe, l’agitation, les planifications excessives, pire l’Alzheimer spirituel ou la schizophrénie existentielle de ceux qui mènent une double vie avaient été pointés du doigt. François exigeait alors un examen de conscience et une conversion. Une exigence de réforme spirituelle répétée ensuite au fil des années.
Les 24 antibiotiques
L’année suivante, après le catalogue des «maladies curiales», le Pape avait proposé des «antibiotiques», une liste de 24 vertus à cultiver. Présentées sous forme d’un acrostiche à partir du mot Miséricorde, Année sainte oblige. Il recommandait l’exemplarité, la fidélité, l’honnêteté, la maturité, la fiabilité, la sobriété des membres de la Curie. Malgré les affaires, notamment le procès des acteurs du scandale Vatileaks II, le Pape assurait que la réforme irait de l’avant «avec détermination, lucidité et résolution».
Des lignes de réformes
Ses vÅ“ux de 2016 s’inscrivent dans la suite des précédents discours. Le Pape y proposa 12 critères pour guider la réforme de la Curie en cours. Il ne veut pas de «lifting» mais une purification permanente de ses membres, une conversion personnelle mais aussi pastorale, ainsi qu’un esprit missionnaire. Après la fusion de plusieurs équipes pour aboutir à la création de deux dicastères pour les laïcs, la famille et la vie, et pour le service du développement humain intégral, le Pape plaide pour une réforme fondée sur la synodalité, la fonctionnalité et la sobriété. François ne manque pas alors de souligner les résistances aux changements, «ouvertes, cachées ou malveillantes».
Les mises en garde de 2017
Enfin en 2017, le Pape formule de dures remontrances visant les «traîtres de la confiance» et les «profiteurs de la maternité de l’Église», des personnes «soigneusement sélectionnées pour donner une meilleure vigueur au corps et à la réforme mais ne comprennent pas leurs responsabilités et se sont laissées corrompre par l’ambition ou la vaine gloire». Il tance ceux qui, écartés, se sont dits «martyrs du système» et met en garde ceux qui travaillent encore à la Curie. Il souligne néanmoins le fait que «l’écrasante majorité» d’entre eux travaillent avec «un engagement louable, fidélité, compétence, dévouement et même sainteté».
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