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Le Pape François a envoyé un message aux catholiques chinois Le Pape François a envoyé un message aux catholiques chinois 

Le Pape aux catholiques chinois: la foi change l’histoire

Dans un «Message aux catholiques chinois et à l’Église universelle», le Pape François explique les raisons qui ont porté à la signature de l’Accord provisoire avec la République populaire de Chine: promouvoir l’annonce de l’Évangile et atteindre l’unité de la communauté catholique.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Le Pape François a publié ce mercredi 26 septembre dans lequel il revient sur l’Accord provisoire signé samedi 22 septembre à Pékin entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine. S’adressant directement aux catholiques chinois, le Saint-Père reconnait d’emblée le «tourbillon d’opinions et de considérations» qui a marqué ces derniers temps, référence aux rumeurs qui ont circulé sur l’existence et le contenu de l’Accord.

Le Pape veut rassurer les fidèles chinois, les assurant de sa prière quotidienne et leur exprimant sa «sincère admiration pour le don de [leur]fidélité» malgré des «expériences douloureuses»

François veut surtout expliquer les raisons qui l’ont poussé à signer cet Accord qui porte sur la nomination des évêques en Chine et qui a pour résultat l’unité de l’Église catholique dans le pays après des décennies de division.

Un long dialogue

Cet Accord provisoire est le fruit l’un long dialogue commencé du temps de Jean-Paul II et poursuivi par Benoît XVI dont la Lettre aux catholiques chinois de 2007 apparait comme le vrai point de départ de ce processus. «La rencontre ne peut être authentique et féconde seulement si elle arrive à travers la pratique du dialogue» souligne le Pape. Ce fut le temps nécessaire pour atteindre deux objectifs : «réaliser et promouvoir l’annonce de l’Évangile», et «atteindre et conserver la pleine et visible unité de la communauté catholique en Chine».

François insiste sur la nécessité de «se faire pèlerins sur les sentiers de l’histoire, faisant confiance avant tout à Dieu et à ses promesses, comme le firent Abraham et nos Pères dans la foi». Il poursuit ce parallèle entre le Patriarche et les catholiques chinois : «Si Abraham avait exigé des conditions sociales et politiques idéales avant de sortir de sa terre, peut-être qu’il ne serait jamais parti» explique-t-il, avant d’ajouter un peu plus loin dans le texte : «je vous invite à demander la grâce de ne pas hésiter quand l’Esprit exige de nous que nous fassions un pas en avant».

C’est pourquoi le Pape les invite «à mettre avec une conviction toujours plus grande [leur] confiance dans le Seigneur de l’histoire et dans le discernement de sa volonté accomplie par l’Église». Il les prie d’invoquer l’Esprit pour comprendre où il veut les conduire, pour «dépasser les inévitables moments de désarroi» et pour «avoir la force de poursuivre avec décision sur la route qui s’ouvre».

La restauration de l’unité de l’Église

L’une des principales dispositions de l’Accord est «la réadmission dans la pleine communion ecclésiale» de sept évêques «officiels» après une étude attentive et individuelle de chaque cas. Le Pape, pour justifier une telle décision, rappelle que «le phénomène de la clandestinité» «ne rentre pas dans la normalité de la vie de l’Église». Il a, de plus, été conforté par «de nombreux signes et témoignages concrets, même de la part de ceux, y compris des évêques, qui ont blessé la communion dans l’Église, à cause de faiblesse et d’erreurs, mais aussi, souvent, par de fortes et indues pressions extérieures». C’est pourquoi il invite «tous les catholiques chinois à se faire artisans de réconciliation».

L’Accord, qui est «nécessairement perfectible», et qui «n’est rien d’autre qu’un instrument» pose les jalons pour une collaboration stable entre le Saint-Siège et la Chine. Il doit permettre, grâce au concours de toute l’Église, de «chercher ensemble de bons candidats qui soient en mesure d’assumer dans l’Église le délicat et important service épiscopal», en somme, de trouver «d’authentiques pasteurs».

Fidélité des Chinois à l’Église et à leur pays

L’unité faite, il faut se réconcilier. Le Pape exhorte ainsi les fidèles à poser des «gestes de réconciliation et de communion». Il leur demande d’être de «bons citoyens» mais aussi, en tant que catholique, «d’offrir cette contribution prophétique et constructive qu’ils tirent de leur foi dans le Règne de Dieu. Cela peut leur demander aussi l’effort de dire une parole critique».

Il exhorte aussi tout particulièrement les jeunes catholiques chinois «à porter à tous, avec [leur] enthousiasme, la joie de l’Évangile». «Ouvrez grand le cœur et l’esprit pour discerner le dessein miséricordieux de Dieu, qui demande de dépasser les préjugés personnels et les oppositions entre les groupes et les communautés, pour ouvrir un chemin courageux et fraternel à la lumière d’une authentique culture de la rencontre».

Appel aux fidèles de l’Église universelle

Pour accompagner les catholiques chinois sur ce nouveau chemin, le Pape demande à leurs frères et sœurs de l’Église universelle, de prier pour eux. «Le temps est venu de goûter ensemble les fruits authentiques de l’Evangile semé dans le sein de l’antique “Empire du Milieu” et d’élever vers le Seigneur Jésus Christ le cantique de la foi et de l’action de grâce, enrichi de notes authentiquement chinoises.»

Enfin, le Pape s’adresse directement aux dirigeants chinois, les invitant à «poursuivre, avec confiance, courage et clairvoyance, le dialogue entrepris depuis longtemps». «La Chine et le Siège Apostolique, appelés par l’histoire à une tâche ardue mais fascinante, pourront agir plus positivement pour la croissance ordonnée et harmonieuse de la communauté catholique en terre chinoise, mettront tout en œuvre pour promouvoir le développement intégral de la société, assurant un plus grand respect de la personne humaine y compris dans le domaine religieux, ils travailleront concrètement pour préserver l’environnement dans lequel nous vivons et pour édifier un avenir de paix et de fraternité entre les peuples.»

Il faudra pour cela «apprendre un nouveau style de collaboration simple et quotidienne entre les autorités locales et les autorités ecclésiastiques», en insistant sur le fait que «l’Église en Chine n’est pas étrangère à l’histoire chinoise ni ne demande aucun privilège».

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26 septembre 2018, 11:59