Le Pape aux jésuites: Se montrer créatifs pour aider les jeunes chômeurs
Marie Duhamel – Cité du Vatican
François a parlé des problèmes des jeunes d’aujourd’hui à une trentaine de jésuites qui participent à l’«European Jesuits in formation», une rencontre annuelle de formation à Rome qui se conclura le 20 août prochain. Au cĹ“ur des préoccupations du Pape, les drames qui frappent la jeunesse l’empêchant d’avancer : le chômage, le suicide, les dépendances aux drogues et les dérives fondamentalistes.
Le chômage est «un des problèmes les plus sévères et douloureux» auxquels les jeunes sont confrontés, «parce qu’il touche au cĹ“ur même de la personne». Une personne qui n’a pas de travail se sent privée de dignité, rappelle le Pape. Il ne s’agit pas de trouver à manger, parce qu’on peut aller à la Caritas, mais de ne pas pouvoir rapporter du pain chez soi. C’est cela qui prive l’homme de sa dignité, explique le Pape.
La finance, source du problème
Les causes du mal sont à trouver dans «le réarrangement de l’économie mondiale, quand l’économie qui est concrète laisse la place à la finance qui est abstraite». La personne humaine devrait être au centre de l’économie. Or regrette le Pape, elle ne l’est plus. La finance, «cruelle» et insaisissable, a pris sa place. Avec ce réaménagement, «le grand péché contre la dignité de la personne» a été commis.
Le Pape rapporte les propos d’une responsable du Fonds monétaire international, rencontrée l’an dernier. Elle se réjouissait d’être parvenue à établir un dialogue entre l’économie, l’humanisme et la spiritualité, «parce que l’économie, même celle de marché, peut s’ouvrir à l’économie sociale de marché, comme l’avait souhaité Jean-Paul II, tandis que la finance n’en est pas capable parce que tu ne peux pas la saisir. Elle ressemble sur une échelle mondiale à la chaine de saint Antoine».
Des conséquences désastreuses sur la jeunesse
Le chômage a des conséquences désastreuses, notamment sur la jeunesse. «Le taux de suicide des jeunes augmente et les gouvernements, pas tous, ne publient pas des chiffres exacts (…) car c’est scandaleux» déplore le Pape. Les jeunes ne se sentent plus utiles et ils en finissent. Quant à ceux qui ne mettent pas fin à leurs jours, ils cherchent une «aliénation intermédiaire». La dépendance est un chemin de fuite au manque de dignité, estime François. «Derrière chaque dose de cocaïne, il y a une industrie mondiale qui rend tout cela possible». Le Pape évoque également les choses vues par les jeunes sur leurs téléphones portable «des choses intéressantes comme projet de vie : au moins ils auront un travail… ». François pointe du doigt les enrôlements de jeunes dans le groupe Etat islamique «pour avoir quelque chose à faire» et quelques dollars en poche.
«Le suicide, les dépendance, et le chemin de la guérilla sont les trois options que les jeunes ont aujourd’hui quand il n’y a pas de travail». Le Pape insiste pour les jésuites en formation comprennent. «Comprendre le problème des jeunes, leur montrer qu’on comprend, c’est communiquer avec lui», explique le Pape à un jésuite américain inquiet.
Ensuite, il faut résoudre le problème. Car il existe une solution, assure François. Il insiste sur la nécessité d’une parole prophétique, de l’inventivité humaine, de l’action à entreprendre. Il faut «se salir les mains».
L’ADN jésuite
A l’occasion de cette rencontre, François a également fait allusion à l’identité des jésuites, n’hésitant pas à recourir à l’humour en comparant la Compagnie à un troupeau de crapauds qui sautent dans tous les sens. Pour le Pape, cette liberté est nécessaire, tout comme une grande obéissance au pasteur qui doit avoir, lui, le don du discernement pour permettre à chaque crapaud de répondre à l’appel du Seigneur. L’originalité des jésuites est cette «unité avec une diversité» en son sein.
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