Messe du Pape à Lima: «Dieu ne se lassera jamais de marcher pour rejoindre ses enfants»
Olivier Bonnel - Envoyé spécial à Lima, Pérou
Le voyage du Pape François au Pérou s'est achevé ce dimanche 21 janvier 2018 par une messe grandiose sur une base militaire de la capitale. Plus d'un million de Péruviens avaient fait le voyage pour écouter une dernière fois le Souverain pontife. La cérémonie s'est déroulée en présence du président de la République et de son épouse, ainsi que de sept représentants d'autres religions. Étaient également présents le métropolite grec-orthodoxe Tarasios, archevêque de Buenos-Aires, qui était déjà présent à Temuco, au Chili.
Au cours de son homélie, le Saint-Père a repris les paroles avec lesquelles le Seigneur d’adresse à Jonas dans la première lecture: «Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle», tout comme dans l’Évangile, Jésus est en route vers la Galilée pour prêcher sa Bonne nouvelle.
Ces deux lectures nous révèlent Dieu en mouvement vers les villes d’hier et d’aujourd’hui, a expliqué le Pape. Le Seigneur se met en marche, et tout comme il va à Ninive ou en Galilée, il va aussi à Lima, à Trujillo et à Puerto Maldonado.
L’Emmanuel, a dit le Pape, est le Dieu qui veut «être toujours avec nous». Il est dans la vie quotidienne du travail routinier, dans l’éducation des enfants avec espérance, dans l’intimité du foyer et dans le bruit assourdissant de nos rues.
Ceux qui sont laissés au bord du chemin
Les «Ninive» existent aujourd’hui, a poursuivi François, expliquant que, nous aussi, nous pouvons avoir le «syndrome de Jonas», avoir la tentation initiale de fuir l’appel du Seigneur. Ces raisons de s’échapper ne manquent pas.
En regardant la ville nous pourrions constater qu’aux côtés de ceux qui ont les moyens de survivre, beaucoup sont laissés sur le bord du chemin et il est douloureux, a souligné le Pape, constatant que, très souvent, parmi ces «restes urbains», l'on distinguait des visages de beaucoup d’enfants et d’adolescents.
Les villes ne doivent pas devenir le lieu de l’indifférence, qui nous transforme en des personnes anonymes et sourdes vis-à-vis des autres, qui nous font devenir des êtres impersonnels au cĹ“ur insensible, a expliqué le Saint-Père.
L’Évangile, un antidote contre l’indifférence
Lorsque Jésus entre en Galilée, c’est pour annonce la proximité du Royaume de Dieu, et l’Évangile nous rappelle la joie que cela produit de savoir que Dieu est au milieu de nous. Cet Évangile a été porté jusqu’à nous dans l’histoire, a expliqué le Pape, depuis les apôtres, en passant par les saints péruviens Rose de Lima, saint Torobio, Martin de Porres, Jean Macias, François Solano. «Il est parvenu jusqu’à nous pour être de nouveau un antidote renouvelé contre la globalisation de l’indifférence», a insisté François.
Jésus, a poursuivi le Pape, a invité ses disciples à vivre aujourd’hui ce qui a saveur d’éternité: l’amour de Dieu et du prochain, et il le fait, de la seule manière dont il peut le faire, avec son amour miséricordieux.
En parcourant les villes avec ses disciples, Jésus change leur regard, il leur montre de nouvelles urgences, lui qui a prêté attention à ceux qui ont succombé sous le manteau de l’indifférence, lapidés à cause du grave péché de la corruption.
Jésus continue à marcher dans nos rues
François a tenu à rappeler combien aujourd’hui encore Jésus continuait à marcher dans nos rues. Comme hier, il continue à frapper aux portes, à frapper aux cĹ“urs pour rallumer l’espérance et les aspirations: que l’avilissement soit surmonté grâce à la fraternité, l’injustice vaincue par la solidarité, et la violence réduite au silence par les armes de la paix.
Dieu ne se lasse pas, ni ne se lassera jamais de marcher pour rejoindre ses enfants, chacun d’entre eux, a précisé le Pape.
«Comment ferons-nous face à l’avenir s’il nous manque l’unité ? Comment Jésus parviendra-t-il à tant de lieux reculés si des témoins courageux et audacieux manquent ?», a lancé le Saint-Père. Aujourd’hui, le Seigneur invite chacun à parcourir la ville avec lui, à être son disciple missionnaire et à faire résonner dans chacune de nos vie cette certitude qu’il est avec nous.
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