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Delphine Allaire - Cité du Vatican

En cette année jubilaire, fidèle au charisme de la défense de la foi par le service des pauvres, le Grand Maître Fra’ John Dunlap a lancé un vibrant appel en faveur des civils de Terre Sainte devant les ambassadeurs accrédités auprès de l’ordre religieux humanitaire.

À l’heure où les droits humains sont «ignorés et dégradés» avec «des conséquences désastreuses» pour les civils piégés dans des zones de guerre dans de nombreuses régions du monde, le Grand Maître canadien élu en 2023 a confié avoir été «choqué par la cruauté et le mépris total des règles d’engagement» - ndlr, relative à l'emploi de la force armée par les soldats dans un théâtre d'opérations. «Les civils sont régulièrement pris pour cible, leurs maisons sont détruites et leurs villes sont délibérément réduites en ruines», a-t-il rappelé, citant Gaza, la Cisjordanie, le Liban et l’Ukraine. «La réaction rigide des dirigeants politiques face à ce carnage civil nous réduit à un silence stupéfait. Mais ce ne sont pas là des réponses acceptables face à cette tragédie humaine croissante», s’est indigné l’avocat canadien, dont l’Ordre érige la protection des civils et travailleurs humanitaires comme priorité diplomatique.

S'opposer à la dégradation du système international, «une obligation morale»

«La réponse impitoyable des dirigeants politiques face à ce carnage civil nous réduit à un silence stupéfait. Ces réponses ne sont pas acceptables face à cette tragédie humaine croissante», s’est indigné l’avocat canadien, soulignant «l’obligation morale» à s’opposer à la dégradation du système international. L’aveu de faiblesse des institutions multilatérales a déjà été constaté la veille par le Souverain pontife argentin dans son discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège.

Outre le plaidoyer, l’Ordre de Malte met en relief devant les représentants des États avec lesquels des relations diplomatiques sont établies la nécessité d’une action humanitaire poussée. «Pendant que nous plaidons devant les tribunaux de La Haye et à l’Assemblée générale de New York, des populations civiles sont tuées par milliers et déplacées par centaines de milliers», s’alarme Fra John Dunlap, égrainant les besoins en nourriture, eau, soins médicaux, rééducation physique ou soutien psychologique.

L'action directe d'une diplomatie humanitaire

Au milieu de ce cycle de violences, l’Ordre souverain continue d’espérer la libération immédiate des otages israéliens à Gaza et de prodiguer assistance humanitaire aux civils de l’enclave palestinienne. L’opération, cruciale au regard des embûches pavant le chemin des ONG dans l’acheminement de l’aide alimentaire, a été rendue possible grâce à la collaboration inédite du Patriarcat latin de Jérusalem, de la paroisse catholique de Gaza et de Caritas. «La majeure partie de notre aide est constituée de fruits et de légumes frais, des produits devenus extrêmement rares et chers à Gaza», a précisé le 81e Grand Maître, arguant d’une position similaire à l’égard de la population en Cisjordanie. Le territoire annexé subit «des niveaux extrêmes de violence» entravant les opérations de secours, empêchant le déploiement des cliniques mobiles de l’Ordre, et interrompant, par exemple, l’assistance médicale dont les villages bédouins.

En dépit des difficultés, l’Ordre continue d’être présent dans la région, notamment par le biais de l’hôpital de la Sainte Famille dans une Bethléem privée de pèlerins et de ressources financières. Lors de ses vÅ“ux, le Grand Maître a également insisté sur l’importance du théâtre de crise libanais, où l’Ordre intervient dans la santé, l’agriculture, l’éducation et la formation professionnelle à travers soixante centres. 

L’attachement de l’Ordre à la Terre Sainte est historique et millénaire. «Nous ne pouvons pas, et ne voulons pas, abandonner ses peuples, qui aspirent à une paix juste et durable pour cette région tumultueuse», a-t-il déclaré, remerciant les plus de 100 000 bénévoles et 50 000 employés au service de la diplomatie de l’Ordre. «Plutôt que les armées d’antan, nous déployons aujourd’hui des corps de secours, des stations médicales, des centres alimentaires, des abris pour migrants, et bien d’autres initiatives», a-t-il conclu, désireux «d’apporter l’amour et l’attention du Christ aux oubliés et aux marginalisés, indépendamment de leur race, religion ou origine ethnique».

Fra John Dunlap et le Pape François dans la bibliothèque du Palais apostolique, le 27 juin 2024.