Mgr Gollnisch: pas de paix durable tant que la violence continue en Cisjordanie
Alexandra Sirgant – Cité du Vatican
Pendant que les regards de la communauté internationale sont tournés vers les négociations pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza, la spirale de violence en Cisjordanie se poursuit. Dimanche 18 août, un Israélien a été tué après une attaque dans une colonie juive en Cisjordanie, voisine d'un village palestinien récemment théâtre d'une descente meurtrière de colons.
Selon le décompte de l’AFP, au moins 635 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne ou des colons en Cisjordanie depuis le 7 octobre. C’est pourquoi l’avenir de ce territoire, occupé par Israël depuis 1967, doit également être sur la table des négociations cette semaine, selon le directeur de L'Ĺ’uvre d'Orient, organisme engagé dans la protection des chrétiens d'Orient, notamment au Moyen-Orient. «Un cessez-le-feu dans la bande de Gaza est tout à fait indispensable et nécessaire, assure Mgr Pascal Gollnisch, mais nous ne voyons pas les différents acteurs [impliqués dans les négociations], à commencer par les États-Unis, avoir une perspective sur le moyen terme ou le long terme [pour l’ensemble des territoires palestiniens]», notamment concernant la présence illégitime, au regard du droit international, des colons israéliens en Cisjordanie.
Ainsi, le directeur de l’association déplore l’absence de perspectives offertes au peuple palestinien: «S’il n’y a pas de perspectives, il n’y a pas d’espérance, et sans espérance, il y a une tentation de violence», explique-t-il. Mgr Gollnisch appelle également à distinguer la situation à Gaza et en Cisjordanie. «Il nous semble que pour leur grande majorité, les Israéliens ne veulent pas s'installer dans la bande de Gaza. Ils veulent simplement qu’elle ne soit pas une base pour mener des actions sur le territoire d'Israël. En revanche, sur la Cisjordanie, la position est beaucoup moins claire et nous réclamons qu'il y ait une explicitation de ce que l'on veut faire dans cette région», martèle le vicaire général de l’Ordinariat des catholiques orientaux en France.
Les bombardements continus de l’armée israélienne et la rhétorique provocatrice de certains membres du gouvernement de Benyamin Netanyahou, ainsi que les ripostes de roquettes de Hamas mais aussi du Hezbollah au Liban interrogent sur le réel «désir de paix».
L’implication des chrétiens dans les négociations de paix
À l’image des déclarations et des gestes du patriarche latin de Jérusalem lors de son déplacement à Gaza en mai dernier, L'Ĺ’uvre d'Orient appelle les chrétiens de Terre Sainte à s’impliquer dans le processus de paix. «Parfois, certains disent que les religions sont à l'origine des conflits. Je crois qu'il n'en est rien. Ce qui est parfois cause du conflit, ou en tout cas qui accentue le conflit, c'est la manipulation des religions par les pouvoirs politiques», décrypte-t-il. Mgr Gollnisch poursuit en soulignant la liberté dont disposent les chrétiens, comparativement à d’autres religions, à se sentir libres par rapport aux pouvoirs politiques. Une liberté dont il appelle les fidèles de Terre Sainte à se saisir afin d’«établir des relations interreligieuses entre gens de bonne volonté, musulmans, israélites et chrétiens, qui ne se superposent pas aux conflits entre les Israéliens et les Palestiniens».
Soutenir les lieux de prière chrétiens
Afin de permettre aux chrétiens d’être «artisans de paix», le directeur de L'Ĺ’uvre d'Orient exhorte à soutenir les communautés chrétiennes orientales, autant sur le plan économique que spirituel, car «l’absence des pèlerinages est difficile pour les chrétiens locaux»,. «Nous devons être beaucoup plus proches et beaucoup plus solidaires des chrétiens de Terre Sainte», conclut-il.
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