ÃÛÌÒ½»ÓÑ

Une femme congolaise, au cours d'une marche pour dénoncer les tueries des M23, à l'Est de la République Démocratique du Congo Une femme congolaise, au cours d'une marche pour dénoncer les tueries des M23, à l'Est de la République Démocratique du Congo  (AFP or licensors)

Le quotidien incertain des Femmes déplacées de l’Est de la RD Congo

Dans l’Est troublé de la RDC, les bombardements et attaques des groupes armés font de plus en plus des déplacés, qui se comptent par centaines de milliers. Dans des camps où ils sont accueillis, leur quotidien demeure incertain, de manière particulière pour les femmes, qui doivent se débrouiller pour vivre et qui sont exposées à plusieurs formes d’abus. «Nous voulons que la guerre cesse, nous voulons rentrer chez nous», a lancé une déplacée du camp de Lushagala, proche de Goma.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

«Au camp de Lushagala, nous, les femmes, nous souffrons terriblement. Nous nous vendons à cause de la faim. Nous sommes parfois obligées d’accepter des relations sexuelles, en échange de petites sommes pour trouver de quoi vivre», témoigne Astrid. Cette femme vit dans ce camp proche de Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu, depuis bientôt une année, après avoir été forcée de se déplacer avec sa famille de Sake vers Goma, à cause des attaques incessantes du groupe armé M23. Dans ce camp de déplacés, a expliqué la femme congolaise, les temps sont durs: du matin au soir, «nous ne savons que faire» et les lendemains sont incertains. Pour survivre, il faut aller à la forêt afin de cueillir ce qui peut être trouvé ou chercher du bois pour vendre, ajoute-t-elle, tout en exhortant les femmes à «garder leur dignité» et à ne pas se laisser tenter par ceux qui leur proposent de l’argent en échange de leur corps, ce qui porte parfois à des séparations ou à des divisions dans des familles.


Que la guerre prenne fin pour que nous puissions rentrer chez nous

Dans cette incertitude, le seul vÅ“u d’Astrid est que «la guerre se termine pour que nous puissions rentrer chez nous». La déplacée de Lushagala garde l’espoir d’une paix à venir dans son pays, et particulièrement dans sa région. Elle demande au gouvernement congolais de «tout mettre en Å“uvre pour chasser les M23 et récupérer Sake». Elle lance un appel à toute personne de bonne volonté pour leur venir en aide dans cette situation précaire, en accompagnant notamment les femmes dans la formation des métiers, afin qu’elles soient indépendantes et capables de subvenir à leurs besoins.

En République Démocratique du Congo, la Journée internationale des droits des femmes est habituellement festive et colorée. Cette année 2024, des milliers de Congolaises étaient vêtues de noir, en signe de deuil pour les nombreux massacres à l’est du pays et conformément à l’appel de la ministre du Genre Mireille Masangu.

En trois décennies d’instabilité, plusieurs rapports font état des millions de morts dans les régions Est de la RDC. «Nous, les femmes du Congo, nous refusons la guerre, le viol et le pillage de nos ressources», clamaient les calicots et banderoles brandis par plusieurs milliers d'entre elles qui ont marché dans les rues de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, une des provinces de l'Est meurtries par des décennies de violences armées. Des marches ont aussi eu lieu dans d’autres provinces comme à Bunia, capitale provinciale de l'Ituri, où au moins 68 femmes ont été tuées depuis le début de l’année 2024, selon des témoins. Entre ces deux provinces se situe le Nord-Kivu, en proie à plusieurs conflits armés, en particulier au groupe armé M23 -Mouvement du 23 mars- qui, avec le soutien du Rwanda voisin, s'est emparé de vastes pans de territoire, provoquant des déplacements massifs de populations. La RDC accuse son voisin le Rwanda d’être un couloir pour le pillage de ses ressources minières.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

08 mars 2024, 17:31