Au Nicaragua, une violation systématique des droits de l’homme
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«La situation des droits de l'homme au Nicaragua a continué à se détériorer au cours des premiers mois de 2023» et «le gouvernement commet des violations généralisées des droits de l'homme qui constituent des crimes contre l'humanité à motivation politique contre des civils», note le rapport du groupe d'experts indépendants du Bureau des droits de l'homme de l'ONU, partagé le jeudi 2 mars.
Le texte des Nations unies appelle le gouvernement de Daniel Ortega à mettre fin à des pratiques telles que la déchéance de la nationalité nicaraguayenne pour les dissidents et dénonce des abus qui «ne sont pas un phénomène isolé mais le produit du démantèlement délibéré des institutions démocratiques et de la destruction de l'espace civique et démocratique».
L'enquête, qui a débuté il y a un an sous mandat de l'ONU, souligne que le président Daniel Ortega et son épouse vice-présidente Rosario Murillo ont commis des violations systématiques des droits de l'homme et des crimes contre l'humanité et les civils au Nicaragua de 2018 à aujourd'hui.
«L'appareil d'État dans sa totalité a été converti en une arme de persécution contre la population», a souligné le président du groupe, l'Allemand Jan-Michael Simon, lors de la présentation des conclusions de l'enquête à Genève. Le texte pointe des «preuves» et la responsabilité non seulement du couple présidentiel, mais aussi de responsables de structures gouvernementales et d'individus impliqués dans les crimes et violations. Au moins 40 personnes ont été exécutées depuis le début des manifestations anti-gouvernementales en avril 2018.
Torture et violence sexuelle
Le rapport aborde les «violations et abus» qui «sont perpétrés de manière généralisée et systématique pour des raisons politiques» et constituent des crimes contre l'humanité tels que «le meurtre, l'emprisonnement, la torture, y compris les violences sexuelles, la déportation et la persécution pour des raisons politiques».
Rien qu'en janvier et février, des peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement ont été prononcées à l'encontre de 30 personnes ayant osé critiquer le gouvernement, notamment des militants, des journalistes et des prêtres, dans le cadre de procès sans procédure régulière, souvent à huis clos, où les accusés et leurs avocats n'avaient pas accès.
L'enquête fait également état de la fermeture d'au moins 3 144 organisations civiles depuis décembre 2018 et de pratiquement «tous les médias indépendants».
Libérer l'évêque de Matagalpa et d'autres dissidents
Un communiqué du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme appelle également «l'État du Nicaragua à libérer sans condition les 37 personnes encore arbitrairement privées de liberté», dont Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, «dont l'état de santé est inconnu, et à rétablir la nationalité et les autres droits civils, politiques, sociaux et économiques de plus de 300 personnes affectées par les récentes décisions».
Le Nicaragua est donc invité «à abroger toutes les lois qui empêchent l'exercice de la participation politique, de la liberté d'expression, de réunion et d'association, du droit à la nationalité et du droit à la propriété avec une certitude juridique».
La détérioration des libertés au Nicaragua est également attestée par l'augmentation du nombre de personnes quittant le pays qui, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sont déjà plus de 260 000 depuis le début de la répression gouvernementale, beaucoup d'entre elles fuyant vers le Costa Rica et les États-Unis.
Parmi les premières réactions des représentants proches du gouvernement, celle de la procureure générale du Nicaragua, Wendy Morales, qui exprime son «rejet total» du rapport de l'ONU, décrit comme un texte «élaboré avec des informations partielles, tendancieuses et subjectives, qui ne cherchent qu'à saper notre objectif d'atteindre le bien commun et la paix pour notre nation».
Ancien président de la Junte de gouvernement de reconstruction nationale durant la première période de la révolution sandiniste entre 1979 et 1985, Daniel Ortega fut président de la République de 1985 à 1990. Il fut de nouveau élu en 2006, puis lors de scrutins critiqués par la communauté internationale en 2011, 2016 et 2021.
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