Éthiopie: reprise des combats entre l’armée et les rebelles du Tigré
Myriam Sandouno (avec AFP) - Cité du Vatican
Mercredi 24 août, le gouvernement éthiopien tout comme les rebelles ont signalé des combats autour de la pointe sud-est du Tigré, frontalière des régions voisines de l’Amhara à l’Ouest et de l’Afar à l’Est. Selon la milice amhara Fano, qui épaule les forces gouvernementales contre les rebelles tigréens, les combats se déroulent dans les zones de Mehago et Jemedo en région Amhara, non loin de celle de Kobo, occupée par les rebelles tigréens, depuis une contre-offensive en 2021.
Les belligérants se rejettent mutuellement la responsabilité de la rupture d’une trêve observée depuis maintenant 5 mois. Les rebelles du Tigré ont d’abord accusé l’armée éthiopienne d’avoir lancé contre leurs positions une «offensive à grande échelle», très tôt le matin, vers 5 heures. «Nous défendons nos positions», a déclaré un porte-parole des autorités des rebelles du Tigré, Getachew Reda.
Même son de cloche du côté du gouvernement, accusant également les forces tigréennes, dans un communiqué. «Nos vaillantes forces de défense et toutes nos forces de sécurité répondent victorieusement et de manière coordonnée à cette attaque», a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à exercer une pression sur les rebelles du Tigré. Le 24 août, l’armée éthiopienne a par ailleurs annoncé, sans préciser de date, avoir abattu un avion chargé d’armes destinées aux rebelles tigréens, qui avait violé l’espace aérien d’Éthiopie en passant par le Soudan. Une affirmation démentie par Getachew Reda.
Réactions de la communauté internationale
Suite à la reprise des violences dans le Nord de l’Éthiopie, l’Organisation des Nations Unies n’a pas caché son inquiétude, appelant fermement à la «cessation immédiate des hostilités et à la reprise des négociations de paix». Le secrétaire général Antonio Guterres s'est dit profondément «choqué et profondément attristé» par la reprise des violences.
Les États-Unis ont également appelé les deux parties à retourner à la table des négociations. La trêve de 5 mois «a permis de sauver d'innombrables vies», a affirmé Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d'État américain. «Les récentes provocations sur le champ de bataille et l'absence d'un cessez-le-feu durable menaçaient ces avancées», a-t-il souligné. Les États-Unis se disent disposés à Å“uvrer avec les Éthiopiens tant sur le plan diplomatique que sur le plan humanitaire, dans le but «ultime de mettre un terme à ce conflit de façon permanente».
De son côté, l’Union africaine, qui a son siège à Addis-Abeba, a aussi appelé à «une désescalade», réaffirmant son engagement à travailler avec les belligérants, pour soutenir un processus politique consensuel dans l'intérêt du pays.
Ces combats sont les premiers signalés depuis une trêve conclue fin mars par les parties opposées, et jusqu'ici largement respectée. Le conflit qui dure depuis 21 mois a fait plusieurs milliers de morts, et plus de deux millions de déplacés. Des centaines de milliers d'Éthiopiens sont menacés par la famine, selon les Nations unies.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici