Au Royaume-Uni, une démission sans mea culpa
Entretien réalisé par Claire Riobé – Cité du Vatican
Après 3 jours de débâcle au sein du gouvernement britannique, le Premier Ministre Boris Johnson a annoncé, le 7 juillet, sa démission en tant que chef du parti conservateur. À 58 ans, celui qui jouissait jadis d’une popularité inoxydable a été poussé vers la sortie par son propre camp, lassé de ses mensonges et scandales à répétition. Boris Johnson devrait cependant rester chef du gouvernement jusqu'à l'automne et l’élection de son successeur.
Une démission à contre-cÅ“ur, sans mea culpa
Au cours de son allocution, M. Johnson s'est dit «immensément fier» de son bilan depuis 2019, évoquant notamment le Brexit, la campagne de vaccination anti-Covid et son soutien à l'Ukraine. Sa démission intervient cependant après trois années au pouvoir particulièrement turbulentes, marquées de mensonges et scandales à répétition. Celui du «partygate», notamment, ces fêtes organisées secrètement à Downing Street, malgré les confinements anti-Covid, qui ont provoqué la frustration et la colère jusque dans ses propres rangs.
Le 6 juin dernier, le chef du parti conservateur a survécu à une motion de défiance, déposée au lendemain du weekend de jubilé de platine de la reine, au cours duquel 40% des députés ont voté contre lui. Malgré des appels au départ de plus en plus pressants, Boris Johnson a souhaité continuer à se battre. Jusqu'au 5 juillet, jour où une soixantaine de démissions volontaires ont été annoncées au sein du gouvernement - un exode d'une rapidité sans précédent dans l'histoire politique britannique.
Les Britanniques face à leur avenir
«Si le parti conservateur veut offrir un avenir au Royaume-Uni, il doit être uni, or, il était jusqu’ici divisé entre les partisans de Boris Johnson et les rebelles», considère Sophie Loussouarn, professeur de civilisation britannique à l’université de Picardie, spécialiste en droit constitutionnel. Le départ de Boris Johnson devrait ainsi permettre de clarifier l’agenda du gouvernement britannique, divisé sur de nombreux dossiers. Boris Johnson laisse un pays «dans une situation sans précédent», reconnaît-elle, avec une économie au bord de la récession, et une inflation à 11 point - la plus forte depuis 40 ans. Des problématiques que l'on retrouve certes dans d'autres économies comparables, mais qui ont été accentuées, dans le cas anglais, par le Brexit.
L’Union européenne, l’Irlande et les États-Unis espèrent de leur côté que le départ de B. Johnson de Downing Street permette de retrouver des relations apaisées avec le Royaume-Uni. Il devrait «remettre en question les impasses du Brexit», confirme Sophie Loussouarn. Pour le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, l'événement est «une opportunité pour revenir à l'esprit véritable du partenariat et du respect mutuel dont nous avons besoin», a-t-il estimé le 7 juillet, alors que les relations entre Dublin et Londres sont particulièrement tendues.
La course à la succession de Boris Johnson est dès à présent lancée au sein du Parti conservateur. Le député britannique Tom Tugendhat a ouvert le bal en annonçant, le 7 juillet au soir, qu’il se portait candidat à la tête des Tories.
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