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Des migrants débarquent au port de Palerme en Sicile (Italie), le 28 octobre 2021. Des migrants débarquent au port de Palerme en Sicile (Italie), le 28 octobre 2021.  

Le premier cimetière pour les migrants morts en mer inauguré en Calabre

«Un acte chrétien et politique au sens le plus élevé du terme», c'est-à-dire inspiré par la protection du bien commun. C'est ainsi que l'archevêque calabrais Mgr Fortunato Morrone qualifie la décision de dédier un espace funéraire spécial à ceux qui ont cherché le salut par la mer, mais y ont trouvé la mort.

Francesca Merlo – Cité du Vatican

Six ans après le funeste naufrage en Méditerranée de 45 migrants, le diocèse de Reggio Calabria-Bova a construit un cimetière, grâce aux fonds de l'Église, pour leur rendre leur dignité et celle de tous les autres morts en mer. 

Mgr Fortunato Morrone, archevêque de Reggio-Calabria, dans la pointe la plus méridionale de la péninsule, évoque «l'indifférence de tant de personnes» face à une mer qui est elle-même devenue, comme l'a regretté le Saint-Père, un «cimetière». L’archevêque italien note toutefois «un acte de résurrection» dans les signes de grande humanité manifestés par les Calabrais, qui ont lutté pour ne pas oublier ces 45 migrants.

La vertu de "pietas"

«Ils auraient pu être mis dans une fosse commune, mais ils ne l'ont pas été. Il y a eu un acte d'extrême humanité, qui est certainement lié à une valeur partagée, que les anciens appelaient pietas, la vertu qui est comme une charnière dans les relations sociales de l'époque. Il s'agit du respect des personnes. Aujourd'hui, nous l'appelons la sollicitude, et ici "le système évangélique prend le dessus"», relève-t-il. À l'heure dramatique de la mort, il faut savoir, dit l'archevêque, de quel côté nous sommes: nous voulons être du côté des êtres humains. «Dans ces 45 cadavres, nous avons vu le Christ, et nous avons donc pris soin d'eux, dans leur drame de la mort», relate encore Mgr Morrone. Nous les avons «oints du parfum de la résurrection de Jésus». Le geste de prendre soin d'eux, explique encore Mgr Morrone, c'est prendre soin de notre monde, sinon l'Évangile risque de rester un texte vide qui ne nous touche pas dans notre vie quotidienne.

Un acte chrétien et politique au sens noble

Le geste de l'enterrement peut-il aussi être considéré comme un avertissement pour que tout cela ne se reproduise pas, pour rappeler à tous que l'État, l'Europe et l'Église doivent faire davantage? La réalité est complexe, mais laisser un espace pour ces personnes dans le cimetière afin que leur mémoire demeure est un acte chrétien, et aussi un acte concret et politique au sens le plus élevé du terme, répond Mgr Morrone. Lorsque nous prenons soin de la société en accordant une attention particulière aux plus fragiles, aux derniers, aux laissés-pour-compte, nous avons une vision politique: «Prendre soin des derniers est un bénéfice pour tous, car en partant du bas, la charité s'étend et touche tout le monde».

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11 juin 2022, 09:04