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Marie Duhamel-Cité du Vatican

Passation de pouvoir au Chili. Sébastian Pinera a cédé la place ce vendredi 11 mars au plus jeune chef d’État jamais élu dans le pays. En décembre dernier, Gabriel Boric avait emporté le second tour de la présidentielle à seulement 35 ans face au candidat nostalgique du dictateur Augusto Pinochet, Juan Antonio Kast, avec un million de voix d’avance et 55% de participation, un taux rare, montrant un regain d’intérêt pour la politique et une adhésion à l’ancien député (2013-2021) et ancien leader des manifestations estudiantines de 2011 pour la gratuité de l’éducation.

A la tête d’une coalition de gauche incluant le parti communiste, Gabriel Boric représente «une rupture par rapport aux 20 années de dictature puis aux 30 ans de concertation qui ont suivi», explique Cécile Faliès, géographe spécialiste du Chili à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Après le mouvement de protestation provoqué par une hausse des prix du ticket de métro en 2019, le nouveau président a promis de renverser le modèle néo-libéral pour mettre en place un État-providence.

Se réconcilier avec le passé

Gabriel Boric porte l’espoir de nombre de Chiliens de voir se réduire les inégalités. Le Chili est le pays le plus inégalitaire de l’OCDE dont il est membre. Un quart des richesses est dans les mains d’un pour cent des Chiliens. «En nommant au gouvernement une ancienne employée de maison, Luz Vidal, il montre qu’il est possible de bénéficier d’un ascenseur social très important au Chili» explique Cécile Faliès. L’enseignante souligne aussi la place prépondérante des femmes dans le nouveau cabinet, 14 sur 24 ministres, pour une moyenne d’âge de 42 ans. On assiste à un «élan de jeunesse». Les postes régaliens de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense seront occupés par des femmes. Comme pour se «réconcilier» avec le passé de la dictature, le nouveau président a choisi la petite fille de l’ancien président Salvador Allende renversé en 1973 par la junte pour gérer le portefeuille de la Défense. Un symbole.

Trois réformes sont prioritaires pour Gabriel Boric: celle de l’accès à la santé, à l’éducation et la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé, le tout financé par une hausse de l’impôt pour les plus riche. Une réforme fiscale est annoncée dans ce pays de moins de 20 millions d’habitants.