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Le Sheikh Mohammed Ben Zayed et Recep Tayyip Erdogan à Abou Dhabi - 14 février 2022 Le Sheikh Mohammed Ben Zayed et Recep Tayyip Erdogan à Abou Dhabi - 14 février 2022  Les dossiers de Radio Vatican

Entre la Turquie et les EAU, une réconciliation stratégique

La visite de Recep Tayyip Erdogan aux Émirats arabes unis la semaine dernière a signé l’amorce d’un dégel entre les deux pays, brouillés depuis des années, avec, à la clé pour la Turquie, de juteux contrats d’investissement qui viendront redynamiser son 鳦´Ç²Ô´Ç³¾¾±±ð en souffrance. Mais ce rapprochement laisse également augurer une recomposition géopolitique de toute la région.

Entretien réalisé par Manuella Affejee - Cité du Vatican

Neuf ans que le président turc n’avait pas posé les pieds à Abou Dhabi. C’est dire donc toute l’importance de ce déplacement qui a eu lieu la semaine dernière et que les médias turcs pro-Erdogan ont largement mis en valeur.

Le litige entre ces deux pays asymétriques plonge ses racines dans les printemps arabes de 2011, lorsque Erdogan choisit d’apporter son soutien aux Frères musulmans, à l’œuvre dans plusieurs de ces soulèvements ; or, cet appui lui a attiré l’inimitié de certaines monarchies du Golfe, surtout des Émirats, ouvertement hostiles à l’islam politique. Pour donner le change, le président turc a de son côté accusé Abou Dhabi d’avoir financé et ourdi le coup d’État manqué de juillet 2016.


Mais les temps ont changé pour Erdogan. Contraint de prendre ses distances avec la mouvance frériste pour conserver ses alliances politiques, le dirigeant turc se voit surtout confronté à de graves problèmes économiques et à un cruel manque d’argent. À un an de l’élection présidentielle, le dirigeant veut redresser la situation et remplir les caisses, quitte pour cela à se rapprocher des ennemis d’hier. De fait, son voyage aux Émirats a été marqué par la signature de contrats d’investissement à hauteur de 9 milliards d’euros.

Un autre aspect est également à prendre en considération. Pendant des années, cette querelle turco-émiratie a alimenté plusieurs conflits au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, et en Méditerranée orientale. La réconciliation promet donc un nouveau basculement des axes géopolitiques, décidément très mouvants, dans la région.

L’analyse de Didier Billion, directeur-adjoint de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques), spécialiste de la Turquie.

Entretien avec Didier Billion, vice-directeur de l'IRIS

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22 février 2022, 08:24