Quels sont les principaux enjeux de la COP26 de Glasgow ?
Marine Henriot – Cité du Vatican
Pendant deux semaines, les dirigeants de 197 pays et 20 000 représentants vont se retrouver dans la capitale écossaise pour discuter des grandes lignes de la politique climatique mondiale. Aux côtés du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et les chefs d’Etat du monde entier. Le Saint-Siège sera représenté par le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin.
A noter cependant l’absence du dirigeant russe Vladimir Poutine et du président Xi Jinping, mais ces pays prennent tout de même part aux négociations. Des scientifiques, des ONG, des représentants religieux et militants associatifs seront également sur place.
Selon le secrétaire général de l’ONU, cette conférence «est la plus importante depuis Paris» et devrait marquer un point d’orgue dans la lutte contre le réchauffement climatique. Lors de la COP21 à Paris, les 195 pays participants s’étaient engagés à mettre des places des mesures pour contenir «l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels» et à poursuivre «l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5 °C», ce qui «réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques».
En outre, comme le rapporte (Conférence des Nations unies sur le changement climatique), l’accord vise à accroître la capacité des pays à faire face aux impacts du changement climatique et à rendre les flux financiers compatibles avec un faible niveau d'émissions de gaz à effet de serre et une voie résiliente au climat. Pour arriver à cet objectif, les États signataires se sont engagés à parvenir à un «plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais» et à communiquer les contributions nationales qu’ils prévoient de réaliser. Un bilan mondial de cet accord aura lieu en 2023, puis tous les cinq ans. L’Accord de Paris est le premier accord mondial juridiquement contraignant sur le changement climatique.
Quel bilan depuis l’accord de Paris ?
Malgré les promesses ambitieuses faites lors de la COP21, «les progrès sont insuffisants», note Erick Lachapelle, professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal au Québec. En effet, malgré les efforts diplomatiques réalisés ces dernières années, les émissions de gaz à effet de serre, qui provoquent le réchauffement climatique ne cessent d’augmenter, l’année 2020 a même été un record selon des chiffres des Nations unies publié le 26 octobre.
Après une diminution des émissions de gaz à effet de serre due au ralentissement économique momentané lié à la pandémie, les émissions ont battu des records l’année dernière. «La dernière fois que la Terre a connu une concentration comparable de CO2, c'était il y a 3 à 5 millions d'années. La température était alors de 2 à 3 °C plus élevée et le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus haut qu'aujourd'hui. Mais il n'y avait pas 7,8 milliards de personnes sur notre Planète, à l'époque», remarque Petteri Taalas, secrétaire général de l'Organisation météorologique mondial (l’OMM), dans un .
La température terrestre a augmenté de 1,1°C depuis l’ère préindustrielle, «donc nous avons déjà presque atteint la cible de l’Accord de Paris», déplore Erick Lachapelle, qui ajoute que les négociations à Glasgow vont s’ouvrir dans un contexte difficile, «en plus de la reprise des émissions de gaz à effet de serres ces derniers temps, il y a d’importantes pénuries d’énergies en Europe et en Chine qui relancent la demande d’énergies fossiles et les donc relancent les diverses tensions entre les pays». De plus, note le spécialiste, les pays les plus vulnérables seront sous représentés à la COP26, notamment à cause de l’obligation vaccinale et du coup particulièrement élevé du déplacement et du logement sur place.
Erick Lachapelle décortique avec nous les principaux enjeux de cette conférence.
Diminution des émissions mondiales de gaz à effet de serre
Pour rester dans une augmentation de la température moyenne mondiale qui ne dépasserait pas 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (entre 1850 et 1900), les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent diminuer de 7% par an par rapport au niveau actuel, et cela jusqu’en 2030, explique l’expert. Cette décennie est donc cruciale pour le climat, tandis que de manière générale les émissions par pays augmentent. «A court terme, il faut des politiques de réelles actions sur le terrain, les pays doivent relever les engagements», analyse Erick Lachapelle.
Le soutien aux pays vulnérables
C’était l’une des facettes de l’Accord de Paris et le thème sera crucial à Glasgow : le soutien des pays riches aux pays les plus pauvres pour développer leurs énergies renouvelables et lutter contre le changement climatique. Un principe défendu par le Saint-Siège. Les pays pauvres ou ceux en développement sont ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre mais ceux qui souffrent en premier des changements climatiques.
Une semaine avant l’ouverture de la COP de Glasgow, les organisateurs ont assuré atteindre en 2023, avec trois ans de retard, l'objectif de Paris de 100 milliards de dollars annuels d'aide des pays riches, gros pollueurs, aux pays pauvres pour les aider à faire face à la crise climatique. Les dernières analyses des engagements financiers «permettent de penser que (l'objectif) serait atteint en 2023» et dépassé les années suivantes, selon un rapport publié par la présidence britannique à six jours du lancement de la conférence de l'ONU à Glasgow, en Ecosse.
Cette incapacité des pays occidentaux à tenir leurs promesses met en péril la confiance des autres pays dans les négociations de Glasgow, commente le spécialiste de l’Université de Montréal.
La question des pertes et préjudices
Un enjeu souvent mis de côté mais de plus en plus important pour les pays vulnérables, thème sur lequel ont dû insister les différentes ONG environnementales pour qu’il figure dans l’agenda des discussions lors de cette COP, détaille Erick Lachapelle.
Il s’agit de financer les pertes matérielles et immatérielles encourus par les pays qui subissent depuis plusieurs années les impacts du changement climatique. «Petits états insulaires dont les terres ont été submergées, populations déplacées par dizaines ou centaines de milliers, destruction matérielle, désagrègement des communautés, destruction des terres agricoles, dégradation de la santé et bien sûr pertes en vie humaine.», cite le spécialiste des enjeux climatiques, «Il faudra débloquer plusieurs centaines de milliards de dollars pour compenser ces couts, en plus de l’aide de 100 milliards de l’aide déjà promise aux pays les plus vulnérables».
Au menu également des enjeux : la déforestation, la combustion du charbon ou encore la préservation et l’extension des puits de carbone. Un puit de carbone est un réservoir (naturel ou artificiel) qui absorbe le carbone présent dans l’air. Ils sont essentiels à la survie de notre planète car ils stabilisent la quantité de CO2 présent dans l’atmosphère et donc limitent l’effet de serre. On parle alors du phénomène de séquestration du carbone.
Les attentes et les enjeux de cette 26ème conférence des Nations unies sur les changements climatiques sont à proprement parler vitaux, et répondre aux exigences représentent un défi planétaire, mais le fait même que cette COP se tienne est une belle promesse, «sans cela, les pays auraient-ils des engagements aussi importants dans la lutte contre le réchauffement climatique ?», questionne, optimiste, Erick Lachapelle.
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