Les grands navires de croisières bannis du centre de Venise
Accusés de mettre en péril le centre historique de Venise, les navires de plus de 25 000 tonnes de jauge brute, de plus de 180 mètres de long, ou dont les émissions contiennent plus de 0,1% de souffre ne seront plus autorisés à se rendre dans l’hypercentre de la ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Les bateaux géants devront, à partir du 1er août 2021, s’amarrer dans le port industriel de Marghera. Les plus petits navires de croisières, environ 200 passagers, pourront continuer à se rendre au cÅ“ur de la ville.
La question de l'emploi
Interrogé par la rédaction italienne de la Radio Vatican – Pope, Mgr Francesco Moraglia, patriarche de Venise depuis 2012, se réjouit de cette décision du gouvernement de Mario Draghi, «Il s'agit certainement d'un bon début, d'une bonne nouvelle pour la défense et la protection de la ville de Venise, mais nous sommes également un peu préoccupés par la question de l'emploi». En effet, le patriarche note un retard des travaux à Marghera, là où doivent accoster les grands navires, et craint que les touristes ne puissent arriver dans le centre de la Cité des Doges, dans laquelle 65% de la population travaillent dans le tourisme.
Une situation rendue encore plus difficile pour les Vénitiens à cause de la pandémie, continue le Patriarche, mais également à cause du phénomène des marées hautes, qui plongent régulièrement la ville sous le niveau de l’eau, tandis que Mose, un projet de digues débuté en 2003 pour protéger la ville des marées hautes, ne cesse de prendre du retard.
Un débat ancien
Le débat sur les navires de croisières à Venise est ancien. Les défenseurs du patrimoine et de l’environnement ont profité de retour de l’air pur et du calme rendu possible par la pandémie pour relancer les discussions. La décision des autorités, prise le 13 juillet, a notamment permis à la Cité des Doges d’échapper de justesse à l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial en péril de l’Unesco. Le 22 juillet, l'Unesco a pris acte de cette nouvelle interdiction, et donne jusqu'au 1er décembre 2022 aux autorités italiennes pour rendre de nouveau compte des efforts réalisés afin de préserver l'écosystème et le patrimoine historique exceptionnels de la Sérénissime.
Venise ne doit pas devenir «une grande scène», alerte le patriarche, s’inquiétant d’une tentation pour les familles vénitiennes de déménager sur le continent, «le vrai défi pour Venise est de rester une ville vivante».
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