Les talibans renforcent leur emprise en Afghanistan
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Les talibans affirment ce mercredi 14 juillet 2021 s'être emparés d'un poste-frontière clé avec le Pakistan, ce qu'ont démenti les autorités afghanes. Face à la dégradation de la situation, la France a appelé tous ses ressortissants à quitter le pays. En début de semaine, le général Austin Scott Miller, le chef des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, avait annoncé quitter ses fonctions. Un acte symbolique avant le départ définitif d'Afghanistan des troupes étrangères, prévu d'ici la fin du mois d’août.
Privées du soutien aérien américain, les forces afghanes, peinent à contrer l’offensive des insurgés. «L’armée est dans une situation assez désespérée», relève Gilles Dorronsoro, spécialiste de l’Afghanistan, professeur de sciences politiques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Les forces gouvernementales ne contrôlent plus que les axes majeurs. «Elles se trouvent dans des poches totalement encerclées par le talibans, donc sans aucune possibilité de contre-offensive».
Les talibans n’ont pas intérêt à attaquer Kaboul
Les talibans affirment contrôler 85% du territoire. Quatre civils ont été tués, ce mardi, par l'explosion d'une mine dans le centre de Kaboul. L’attaque n’a pas été revendiquée mais les autorités pointent les talibans et craignent une prochaine attaque sur la capitale afghane et son aéroport. «Attaquer Kaboul, pose un certain nombre de problèmes aux talibans», selon Gilles Dorronsoro.
«Les journaliste étant présents à Kaboul, une attaque se ferait sous le regard de la communauté internationale, et les talibans étant dans une stratégie de normalisation, ça n’est pas dans leur intérêt». Par ailleurs, il est très complexe de contrôler la capitale et «les talibans se trouveraient face à un problème de conquête militaire mais aussi d’administration de la population» dont une partie leur est farouchement opposée et pourrait faire preuve d’une forte résistance et compliquer leur progression. «Les talibans, semble t-il, souhaitent un transfert pacifique du pouvoir».
Echec des pourparlers inter-afghans
Les discussions inter-afghanes, initiées en septembre dernier à Doha au Qatar, sont actuellement au point mort. «Il n’y a rien à en attendre, dans la mesure où les talibans ont choisi une stratégie de reconnaissance régionale, facilitée par le contrôle d’une grande partie des frontières afghanes», observe Gilles Dorronsoro.
«S’il y a des contacts inter-afghans, c’est, pour les talibans, dans la perspective de faciliter le transfert du pouvoir». Un accord politique entre Kaboul et les talibans est à exclure. «Le gouvernement est beaucoup trop faible, il est en pleine déliquescence, a très peu de marge de manÅ“uvre et la dégradation de la situation militaire est trop rapide».
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