Canada: découverte de 750 tombes d'enfants des premières nations
Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican
Encore une fois, le Canada fait face à son passé et aux décennies de mauvais traitements infligés aux peuples des premières nations, victimes d'une politique d'assimilation forcée des autorités canadiennes, s'appuyant sur des établissements d'enseignement publics, les «écoles résidentielles», dont certaines gérées par l'Église catholique, dans lesquels les enfants autochtones étaient privés de contact avec leurs familles et empêchés de parler leur langue maternelle. Après la vague d’indignation soulevée le mois dernier et la découverte de 215 tombes à Kamloops, l’annonce jeudi de la découverte de 750 sépultures anonymes dans un autre ancien pensionnat géré par l’Église catholique dans le Saskatchewan vient une nouvelle fois rouvrir les blessures d’un «génocide culturel», selon les termes d’une commission d’enquête canadienne. Le site a accueilli des enfants des premières nations entre 1899 et le milieu des années 1990. Le chef de la fédération des nations autochtones, Bobby Cameron, n’hésite pas à parler de l’existence, au cours de ces années, de «camps de concentration au Canada».
Gouvernement et Église engagés pour la réconciliation
Les Canadiens ne sont malheureusement pas encore au bout de leur peine lorsque l’on sait que 139 pensionnats ont enrôlé de force jusque dans les années 1990, près de 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits. S'exprimant à la télévision canadienne, l’archevêque de Regina, Mgr Donald Bolen, s'est dit est engagé dans une démarche de longue durée : «ça va être un long voyage. Nous sommes face à une histoire compliquée. Différentes formes d’abus ont eu lieu dans les écoles résidentielles. Nous devons marcher aux cotés des populations autochtones dans leur recherche de justice. Nous ne devons rien cacher et présenter des excuses lorsqu’il apparait clairement que c’est important de le faire, sans se limiter à cela. Il nous faut poursuivre avec des actions concrètes en faveur de la justice et de la réconciliation».
Les évêques canadiens, qui lundi 21 juin avaient consacré à l’occasion de la journée des peuples autochtones, avouent travailler également à une rencontre qui pourrait avoir lieu à Rome dans les prochains mois entre les représentants des premières nations et le Pape François. Le Saint-Père s’était ému le 6 juin dernier après la première macabre découverte de Kamloops, et avait appelé au dialogue, au respect et à la reconnaissance des droits et des valeurs culturelles de tous les Canadiens.
De son côté, le Premier ministre Justin Trudeau, a fait part de sa «peine», estimant que son pays devait tirer les leçons du passé et Å“uvrer à la réconciliation. Pour le ministre des Services aux Autochtones Marc Miller, cette vérité était «trop souvent niée. Plus maintenant».
Les fouilles autour de l’ancien pensionnat de Marieval avaient débuté à la fin du mois de mai, soit peu après la découverte des restes de 215 écoliers de Kamloops, en Colombie-Britannique. Cette découverte avait relancé le débat sur ces établissements où les enfants autochtones étaient envoyés de force afin d'y être assimilés à la culture dominante. D’autres sites font aujourd’hui l’objet d’analyses approfondies avec le concours des autorités gouvernementales.
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