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Nikol Pachinian, Premier ministre arménien, après sa victoire aux législatives du 20 juin Nikol Pachinian, Premier ministre arménien, après sa victoire aux législatives du 20 juin 

La victoire en trompe-l’œil de Nikol Pachinian en ´¡°ù³¾Ã©²Ô¾±±ð

Contesté dans la rue après la défaite de l’´¡°ù³¾Ã©²Ô¾±±ð face à l’Azerbaïdjan, le Premier ministre Nikol Pachinian, au pouvoir depuis la révolution de velours de 2018, a remporté une large victoire aux législatives anticipées. Mais cette re-légitimation par les urnes cache une faiblesse du pouvoir face aux enjeux géopolitiques.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

54 % des voix exprimées : c’est le pourcentage recueilli par Contrat Civil, le parti de Nikol Pachinian aux élections législatives du 20 juin dernier. Une large victoire qui apparait toutefois étonnante vu le contexte de ce scrutin, organisé plus de six mois après une défaite militaire contre l’Azerbaïdjan au sujet du contrôle du Haut-Karabagh. C’est l’analyse de Taline Ter Minassian, professeure d’histoire contemporaine de la Russie et du Caucase à l’INALCO et directrice de l’observatoire des États post-soviétiques. «Ce gouvernement incarne une défaite absolument cuisante» et aurait dû, «en bonne logique, soit donner spontanément sa démission, soit être invalidé» estime-t-elle.

D’où alors, cette large victoire ? «C’est le signe que l’électorat continue à avoir un comportement post-soviétique, c’est-à-dire qu’il vote massivement pour le pouvoir en place» et qu’il manque encore de «maturité» affirme-t-elle.

Enjeux de politique intérieure

L’historienne reconnait toutefois que Nikol Pachinian bénéficie d’une vraie popularité depuis la révolution de 2018. Sa victoire, selon elle, repose sur ses promesses en matière sociale et sur son bilan en la matière. «L’électorat arménien ne semble s’être occupé que de questions de politique intérieure, ce qui est très étonnant puisque l’Arménie se trouve actuellement dans une situation extrêmement dangereuse sur le plan géopolitique, mais cela ne semble pas du tout avoir joué dans cette élection» regrette Taline Ter Minassian.

Si les électeurs n’ont pas la tête aux problèmes géopolitiques, Nikol Pachinian non plus, considère la directrice de l’observatoire des États post-soviétiques. Lors de la campagne, le Premier ministre a répété à plusieurs reprises sa volonté de mener «la dictature du droit et de la loi» mais selon la chercheuse, «Nikol Pachinian va encore une fois s’intéresser une nouvelle fois au nettoyage de la corruption à l’intérieur de son pays alors que ce pays est menacé sur ses frontières et est l’otage du rapprochement turco-azéri».

Taline Ter Minassian doute également des capacités de Nikol Pachinian à véritablement diriger l’appareil d’État dans ce contexte incertain. Pour preuve, ajoute-t-elle, l’absence de titulaire au ministère des Affaires étrangères depuis plusieurs semaines. La situation de l’Arménie ne devrait donc pas changer affirme-t-elle.

Entretien avec Taline Ter Minassian professeur à l'INALCO

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24 juin 2021, 08:30