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Panneaux électoraux dans une rue d'Alger, le 31 mai 2021 Panneaux électoraux dans une rue d'Alger, le 31 mai 2021 

L’´¡±ô²µÃ©°ù¾±±ð dans l’impasse politique et une population en attente de changement

Les ´¡±ô²µÃ©°ù¾±±ðns sont appelés aux urnes ce samedi 12 juin pour élire leurs députés au cours d’é±ô±ð³¦³Ù¾±´Ç²Ô²õ législatives anticipées décidées par le président Tebboune. Ce scrutin ne devrait rien changer à l’impasse dans laquelle se trouve l’´¡±ô²µÃ©°ù¾±±ð. Le Hirak, qui conteste depuis février 2019 le régime, n’y participe pas.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Depuis le lancement par une partie de la société du mouvement de protestation du régime appelé Hirak, le pouvoir algérien, largement contrôlé par l’armée, tente de se légitimer par les urnes en imposant son calendrier. Preuve en est avec ces élections législatives anticipées qui «apparaissent davantage comme une volonté du président Tebboune et de l’armée de renouveler le Parlement dans la perspective de retrouver des élus compatibles avec la nouvelle équipe» estime Luis Martinez, directeur de recherche au CERI-Sciences Po Paris.

Pourtant, le Hirak a bouleversé le pays. «Des acteurs de la société civile ont conquis l’espace public et ont imposé le débat autour de la nécessaire transformation, si ce n’est, le changement du régime,» précise le chercheur. L’enjeu est de savoir si ces idées vont être comprises et intégrées par les soutiens du régime et de l’armée.

Rien n’est moins sûr à court terme. Le pouvoir, lors de ces élections, peut compter sur de nombreux soutiens politiques: FLN et RND, les partis institutionnels traditionnels, et les formations islamistes qui affichent leur compatibilité avec le régime et leur volonté d’exercer des responsabilités. Or, le Hirak et ses soutiens, au-delà de la difficulté de se structurer en force politique, boudent le scrutin. «Le risque pour le Hirak est de rester un acteur de protestation, de contestation et non un acteur de transformation» prévoit Luis Martinez.

L’Algérie apparait dans une impasse, entre des forces conservatrices qui ne veulent pas réformer en profondeur le régime et un mouvement populaire qui demande des changements profonds, mais qui reste en fait minoritaire, tempère le chercheur du CERI. Le FIS (Front islamique du salut) dans les années 1990 était bien plus puissant et soutenu que le Hirak aujourd’hui, «et pourtant, l’armée l’a vaincu» rappelle Luis Martinez.

Les partisans du Hirak en ont bien conscience et la répression menée par les autorités depuis deux ans leur montre bien la difficulté d’obtenir gain de cause et d’aller plus loin dans la contestation. Au-delà de ces élections, c’est «l’apprentissage des rapports de force» explique le politologue. «L’armée est bien consciente qu’elle ne peut pas éternellement s'opposer à des revendications sociétales et politiques, qu’elles soient socialistes dans les années 1960-1970, islamistes dans les années 1990 ou démocratiques dans les années 2020. L’armée va bien mesurer le fait qu’elle ne peut pas gouverner contre une société dans sa totalité. Bien sûr, ces ouvertures doivent être accompagnées, discutées par des acteurs politiques et civils qui n’envisagent pas le changement radical», précise-t-il. L’exemple à suivre, selon Luis Martinez, c’est celui des régimes militaires comme le Chili, le Brésil ou la Turquie, qui en leur temps ont passé le pouvoir aux civils pour instaurer un régime démocratique et réussi leur transition grâce à des compromis.

Entretien avec Luis Martinez du CERI Sciences Po Paris

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11 juin 2021, 10:15