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Le Premier ministre centrafricain saluant des FACA survolés par un hélicoptère russe, le 10 janvier 2021 Le Premier ministre centrafricain saluant des FACA survolés par un hélicoptère russe, le 10 janvier 2021 

La présence dérangeante des mercenaires russes en Centrafrique

Depuis 2017, les mercenaires russes jouent un rôle de plus en plus important en République centrafricaine. Soutiens incontournables du président Touadéra, leur présence et leurs actes posent de plus en plus de problèmes dans un pays encore déchiré par la violence.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Leur présence devient de plus en plus visible et envahissante ; les exactions envers la population civile dont ils sont accusés, de plus en plus nombreuses. Les mercenaires russes de l’entreprise Wagner, présents en République centrafricaine (RCA), sont depuis 2017 un soutien indispensable et incontournable pour le président Touadéra.

 

«Ils ont permis de repousser l’attaque de la CPC (Coalition des patriotes pour le changement NDLR) en décembre et de monter une contre-offensive au début de cette année et de reprendre un certain nombre de villes qui étaient jusqu’à présent très largement sous le contrôle des groupes armés» explique Thierry Vircoulon, coordonnateur de l’Observatoire de l’Afrique centrale et australe de l’Ifri, l’Institut français des relations internationales.

De formateurs à combattants

Quand ils arrivent en RCA, ces mercenaires ont d’abord pour tâche de former les soldats des FACA, les forces armées centrafricaines afin que l’État, en cours de reconstruction, dispose des moyens pour imposer son autorité sur le territoire face à des groupes rebelles encore bien présents et contrôlant de larges pans du territoire. Depuis fin 2020, ils opèrent maintenant directement sur le terrain et combattent.

Leur action ne s’inscrit pas complètement dans le cadre de la mission des Nations unies en Centrafrique, la Minusca. En fait, et «c’est un secret de polichinelle», confirme Thierry Vircoulon, ces mercenaires agissent pour le compte de la Russie. Si leur travail de formation des soldats centrafricains correspondant à la réforme du secteur de la sécurité pilotée par l’ONU, dans les faits, «il y a très peu de coordination entre la mission d’instruction militaire et la Minusca» constate le chercheur. Depuis décembre 2020 et les combats contre la CPC, «il y a eu une coordination avec la Minusca pour se répartir un peu les tâches et éviter qu’ils se tirent dessus». Mais les accusations de violation des droits de l’Homme qui ont commencé à émerger dans le pays ont changé la donne.

Exactions sur les civils signalées

«La Minusca a commencé ou essaye de se distancer grandement à la fois de ce que font les mercenaires russes que de ce que font les militaires centrafricains» poursuit le spécialiste de l’Afrique centrale. Le Groupe de travail de l’ONU sur l’utilisation de mercenaires rattachés au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies a ainsi publié un rapport le 31 mars dernier dans lequel il dénonce les exactions commises par ces mercenaires travaillant au sein de trois sociétés : Wagner, Sew Security Services et Lobaye Invest SARLU.

Parmi la population, les habitants de Bangui, la capitale, sont assez reconnaissants aux mercenaires de leur action qui les protège des groupes rebelles. Mais dans les provinces où ils agissent, «ils sont de plus en plus impopulaires» note le chercheur de l’Ifri. Dans l’immédiat, rien ne devrait changer, tant ces mercenaires bénéficient de la protection de la Russie. Mais les langues se délient peu à peu.

Entretien avec Thierry Vircoulon, de l'Ifri

 

 

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26 mai 2021, 12:10