Au ł§Ă©˛ÔĂ©˛µ˛ą±ô, l’Église appelle Ă arrĂŞter l’engrenage de la violence
Alors que des milliers de jeunes étaient encore dans les rues de la capitale ce lundi après-midi faisant face aux forces de l’ordre lors d’une nouvelle journée de mobilisation, l’archevêque de Dakar a lu une déclaration, au nom des évêques de sa province écclésiastique, appelant chacun à mesurer son niveau de responsabilité dans les événements dramatiques de ces derniers jours.
«Des vies humaines ont été arrachées (…) des biens publics et privés, fruits d’un patrimoine acquis par le travail, ont été saccagés, pillés, volés, en dehors de toute considération morale, éthique, défiant toute justice, rendant encore plus précaire la situation de nombreux travailleurs et de leurs familles» a fait remarquer Mgr Benjamin Ndiaye.
Le 3 mars dernier, l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko sur le chemin du tribunal a provoqué un soulèvement de ses partisans. Des jeunes se sont opposés aux forces de l’ordre dans plusieurs villes du pays, notamment dans la capitale, Dakar, faisant au moins cinq morts.
Une spirale de la violence
Ces événements dans le contexte de pandémie de la Covid-19, «ont montré comment nous pouvions basculer dans une violence aveugle, susceptible de menacer notre cohésion sociale, si nous nous laissons dominer par nos passions et nos intérêts personnels» estiment les évêques qui jugent de leur devoir, «dans l’exercice de la responsabilité pastorale qui est la nôtre», de prendre la parole pour exhorter leurs compatriotes, «à faire preuve de raison, de sagesse et de civisme», dans l’intérêt supérieur de la nation.
«Pendant qu’il encore temps, efforçons-nous de limiter les dégâts, et même de les arrêter. Arrêtons l’engrenage de la violence ! Nous le pouvons et nous devons, non seulement en défendant nos droits, mais aussi en assumant nos devoirs, pour asseoir les conditions idoines d’un meilleur vivre ensemble. Privilégions le dialogue qui n’est possible que dans un climat de paix et de sérénité» s’est exclamé Mgr Benjamin Ndiaye qui a appelé à la responsabilité mais aussi à l’introspection. Selon lui, la spirale de violence qui a secoué le pays témoigne d’une crise profonde au sein de la société sénégalaise. «Cette crise n’est-elle pas un miroir de ce qui se tapie ou de ce qui sommeille en nous ? Ne nous appelle-t-elle pas alors à mesurer nos responsabilités et à nous ressaisir, nous tous, et à tous les niveaux, du sommet de l’État au citoyen, en passant par toutes les institutions étatiques, les structures économiques, sociales, culturelles, religieuses, au nom de la vie humaine et du bien commun».
Chacun a donc été interpellé, les autorités, les forces de défense et de sécurité, les chefs religieux, membres de la société civile et simples citoyens afin de s’unir pour faire cause commune et s’engager en vue du bien commun: «c’est possible, et nous le devons au Créateur.»
Les manifestations suspendues
Ce mardi, le Mouvement de défense de la démocratie, collectif qui rassemble des partis d’opposition, des organisations contestataires et le parti d’Ousmane Sonko, a annoncé revoir son plan d’action après avoir suspendu son appel à manifester «massivement» jusque demain mercredi. Cette décision intervient au lendemain de la libération sous contrôle judiciaire d’Ousmane Sonko inculpé dans un dossier de viol. L’opposant dément les faits. Il affirme être l’objet d’un complot ourdi par le président pour l'écarter de la prochaine présidentielle en 2024, ce que Macky Sall a réfuté.
Alors que son adversaire tout juste libéré estimait que «rien ni personne» ne pourrait arrêter la «révolution» lancée, appelant même à amplifier la mobilisation qu’il souhaite néanmoins pacifique, le chef de l’État est, lui aussi, sorti de son silence lundi soir pour évoquer les épisodes de violences de ces derniers jours.
«Tous ensemble, taisons nos rancĹ“urs et évitons la logique de l'affrontement qui mène au pire», a lancé Macky Sall dans son allocution télévisée. Il s’est dit conscient des difficultés rencontrées par la jeunesse, les appelant à ne pas saccager les magasins, ce qui ne fait pas «reculer la pauvreté mais l’aggrave», a-t-il dit. Il a promis de venir en aide aux familles endeuillées et a salué la retenue des force de l’ordre. Concernant son adversaire politique, il n’a pas prononcé son nom mais s’est dit prêt au dialogue. Quant à l'aspect judiciaire de la crise, Macky Sall souhaite que la justice suive son cours en toute indépendance.
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