Quelles perspectives pour les relations entre la Suisse et l'Union Européenne?
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Le 27 septembre dernier, les électeurs suisses rejetaient à 61,7% l'initiative populaire lancée par la droite populiste de l'UDC afin de limiter l'immigration des ressortissants de l'Union européenne. L’UDC dénonce depuis plusieurs années «une immigration incontrôlée et démesurée» et juge les emplois menacés par l'Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) signé en 1999 avec l'Union européenne (UE). Mais les autres partis et les milieux économiques s'étaient fermement prononcés en faveur de frontières ouvertes avec une UE qui est le plus important partenaire commercial de la Suisse. Et les régions frontalières suisses dépendent fortement de la main d'Ĺ“uvre venue des pays voisins par dizaines de milliers tous les jours.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a aussitôt salué le vote des Suisses. «Leur vote valide un des piliers centraux de notre relation : la liberté mutuelle de bouger, de vivre et de travailler en Suisse et dans l'Union européenne», a-t-elle déclaré dans un message vidéo.
Intérêts économiques et souveraineté à protéger
Quelque 1,4 million de citoyens de l'UE vivent en Suisse et 450 000 Suisses vivent dans l'Union européenne, a rappelé la présidente de l'exécutif européen, soulignant que 320 000 citoyens de l'Union franchissent la frontière chaque jour pour aller travailler en Suisse. «J'y vois un signal positif pour continuer à consolider et approfondir notre relation», a-t-elle ajouté, avant de faire part de son espoir pour qu’un accord-cadre institutionnel négocié en 2018 soit signé.
Depuis plusieurs années, Bruxelles souhaite en effet conclure cet accord avec Berne pour simplifier les relations bilatérales. Mais le projet est loin de faire l'unanimité en Suisse, à gauche comme à droite de l’échiquier politique, et d’âpres négociations se profilent.
Il ne faut donc pas se laisser méprendre par le résultat de la dernière votation: les relations bilatérales entre la Suisse et l’Union Européenne sont loin d’être lisses depuis une vingtaine d’années, Bern restant soucieuse de préserver son indépendance. Après avoir dit "non" à l'Europe en 1992, les Suisses ont plébiscité en 2000 les accords bilatéraux, puis 14 ans plus tard, ils approuvé la mise en place de quotas de migrants européens, initiative de l’UDC toutefois difficilement applicable.
Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l’Université de Genève, revient sur les perspectives ouvertes par le vote du 27 septembre.
(Avec AFP)
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