Violences au Nigéria, les 鱹ê±ç³Ü±ð²õ parlent de l'«échec de l'Etat»
Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican
Le mardi 21 octobre fut une journée sanglante au Nigeria. Douze personnes sont mortes alors qu’elles manifestaient pacifiquement contre les violences policières et le pouvoir en place, accusé de mauvaise gouvernance. Dix personnes ont été tuées au péage de Lekki, épicentre de la contestation, dans le sud de Lagos. Selon Amnesty, c’est l’armée qui a ouvert le feu sur la foule composée de plusieurs milliers de personnes. Même scène d’horreur à Alausa, un quartier au centre de la capitale, au moins deux manifestants ont été tués par les forces de l’ordre. Au moins 30 personnes, dont deux membres des forces de l’ordre, ont été tuées depuis le début des manifestations.
Depuis début octobre, des jeunes manifestent contre les violences policières, et demandent notamment la suppression de la SARS, une unité de police créé pour lutter contre les vols à mains armés, accusée d’abus, de violences et même de meurtre sur la population. Le 11 octobre, les autorités nigérianes ont annoncé la dissolution de cette unité spéciale, mais cela n’a pas mis fin à la colère de la jeunesse.
La SARS, témoin d’un mal plus grave
«La dissolution de la SARS ne résout pas les énormes problèmes du Nigeria», estiment également de leur côté les évêques du Nigeria dans une déclaration relative aux manifestations, publiée sur l’agence Fides le mercredi 21 octobre, «dans la mesure où il est inutile de soigner les symptômes d'une maladie lorsque l'on n'en connaît pas la cause principale». Effectivement, pour les évêques, les malversations des membres de la SARS constituent le témoin d’un mal plus grave, «l’audace et l’impunité avec lesquelles des fonctionnaires de la SARS ont Å“uvré pendant tout ce temps constitue une manifestation de l’échec de l’État du Nigeria».
Le 13 octobre, le chef de la Police au Nigeria a annoncé la formation d’une nouvelle unité, la Special Weapons and Tactics (SWAT), qui devrait reprendre les missions qui étaient précédemment confiées à la SARS. «Il n’est pas suffisant de renommer la SARS à peine dissoute», estime le père Uchechukwu Obodoechina, directeur du Département des Affaires sociales de la Conférence épiscopale du Nigeria, également à l’agence Fides. «La jeunesse nigériane et le reste de la population sont des témoins vivants de situations de pauvreté et de maladie, aggravées par la dégradation des infrastructures, par les systèmes sanitaires en ruine, par l’insécurité endémique et par une vie sociale incertaine, note le prêtre, le niveau de vie de la majeure partie des familles nigérianes moyennes n’est en rien enthousiasmant», témoigne-t-il, avant de rappeler les maux qui gangrènent le pays: «la faim et la pauvreté, le banditisme et l’insécurité, le chômage et la corruption systémique dans les rangs du gouvernement, les violations des droits fondamentaux et le caractère dissolu du monde politique».
Par ailleurs, ces jeunes qui manifestent méritent d’être écoutés et d’être pris au sérieux, indique le père Uchechukwu Obodoechina, qui demande au gouvernement de favoriser le dialogue et de ne pas réprimer par la force les manifestations.
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