Les évêques colombiens appellent à un vrai dialogue social
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Quelques sept mille amérindiens se sont retrouvés lundi devant le palais présidentiel à Bogota au terme d'une longue marche débutée le 10 octobre, de 400 km à travers le pays. Cette «minga», nom d'une action collective en langue quechua, est leur plus grande démonstration de force depuis une décennie dans le pays.
Ces indigènes, avec l'appui des communautés afro-colombiennes, dénoncent les violences dont ils sont victimes. 313 d'entre eux ont été assassinés depuis deux ans, une centaine rien qu'entre janvier et août cette année. La plupart viennent de territoires quadrillés par des organisations criminelles qui contrôlent le trafic de drogue.
Ces manifestants entendaient rencontrer le président de la République, Ivan Duque, mais ce dernier a refusé de les recevoir, préférant envoyer une délégation à leur rencontre en province. Il a dénoncé leurs «ultimatums» et leurs «agglomérations» en pleine pandémie de covid-19.
Cette mobilisation actuelle n'est que le prolongement de celle entamée il y a un an par de nombreuses franges de la population, parmi lesquelles les plus fragiles et précaires. Une grève générale à l'appel de syndicats a d'ailleurs lieu ce mercredi à travers tout le pays.
Prise de position des évêques
Face à cette situation, les évêques, dans un communiqué signé par son président, Mgr Óscar Urbina Ortega, son vice-président, Mgr Ricardo Tobón Restrepo, et son secrétaire général, Mgr Elkin Álvarez Botero, a demandé aux autorités gouvernementales, aux institutions publiques et privées et à tout le peuple colombien de promouvoir «un véritable dialogue social» entre les parties.
Il est important de défendre «la détermination des participants à la Minga» pour éviter que l'on s'éloigne de ce que sont les intentions réelles des marches et des manifestations, et que celles-ci ne dégénèrent en violence - écrivent les évêques. C'est pourquoi ces derniers ont voulu remercier tous ceux qui ont fait un geste de solidarité avec les manifestants pendant leur marche, en particulier ceux qui ont agi pour protéger leur vie et leur santé.
Enfin, les évêques ont invité chacun à faire connaître la réalité des peuples indigènes et leurs valeurs et à promouvoir la pleine reconnaissance de leurs droits individuels et collectifs, en réaffirmant la nécessité de créer une véritable culture de la rencontre fraternelle «qui nous permette de nous ouvrir à nos frères et sœurs, de découvrir la richesse de la diversité, de guérir les blessures, de construire des ponts et d'ouvrir des routes pour vivre ensemble dans la justice et le bien commun».
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