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Des partisans de l'ancien président Evo Morales manifestent sur l'autoroute entre La Paz et El Alto, en Bolivie, le 11 août 2020. Des partisans de l'ancien président Evo Morales manifestent sur l'autoroute entre La Paz et El Alto, en Bolivie, le 11 août 2020. 

La Bolivie sur la route de la radicalisation

Depuis le début du mois, le pays andin est ralenti par des barrages routiers qui essaiment dans tout le pays. Mis en place initialement par un syndicat ouvrier pour protester contre le report des élections, la contestation se radicalise et refuse la candidature au pouvoir de la présidente bolivienne par intérim, Jeanine Añez.
Marine Henriot - Cité du Vatican
 
Le vent de la contestation souffle de nouveau en Bolivie. Les raisons de la colère : le report, par le gouvernement par intérim au pouvoir, des élections présidentielle et parlementaires. Le scrutin devait avoir lieu au printemps de cette année mais a été repoussé une première fois en septembre en raison de la crise sanitaire. Un nouveau report des élections pour le 18 octobre, annoncé fin juillet, a suscité l’ire de l’opposition.

La COB (centrale ouvrière bolivienne), puissant syndicat qui représente environ deux millions de travailleurs dans le pays, a mis en place des barrages routiers début août  pour faire part de sa colère. Très vite, la COB a été rejointe dans sa protestation par les partisans du MAS (Mouvement vers le socialisme), le parti traditionnel de l’ancien chef de l’État, Evo Morales. Le mouvement «a été suivi par la population indienne dans tout le pays», nous explique Claude Le Gouill, chercheur associé au centre de recherche de documentation des Amériques, le CREDA, à l’université de Sorbonne Nouvelle, qui précise que «les revendications se sont radicalisées au fil des jours».

Entre la droite au pouvoir par intérim depuis l’automne 2019 et la gauche du pays, le dialogue semble désormais rompu. L'ancien président Evo Morales, accusé de fraudes électorales et qui vit désormais en exil en Argentine, a gardé une forte influence dans les couches les plus pauvres de la société. L’opposition manifeste maintenant contre la candidature même à la présidentielle de la présidente par intérim, Jeanine Añez. Cette polarisation qui fracture la Bolivie, «l’élite économique blanche du pays contre les Indiens et les pauvres», est historique, nous détaille Claude Le Gouill. 

Ces derniers mois, les tensions dans la société bolivienne, dont certaines furent gommées durant l’ère Morales, reviennent en force. Le pays se trouve dans un conflit ouvert et certains groupes de choc composés de jeunes prêts à en découdre refont leur apparition, tandis que la parole raciste se libéralise. 

Entretien avec Claude Le Gouill

 

 

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13 août 2020, 11:23