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La prière du 29 mai 2020 dans Sainte-Sopie La prière du 29 mai 2020 dans Sainte-Sopie 

L'épineux statut de Sainte-Sophie à Istanbul de nouveau en débat

La récitation d'une sourate dans Sainte-Sophie à Istanbul le 29 mai dernier a ravivé les débats sur le statut de cette ancienne basilique orthodoxe, transformée en mosquée après la conquête ottomane de Constantinople et devenue musée en 1934. L'Église orthodoxe russe a notamment réagi négativement.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Un imam récitant sous les voûtes immenses de la basilique Sainte-Sophie une sourate du Coran en présence du seul ministre turc du tourisme, Mehmet Nuri Ersoy : c'est la scène à laquelle ont pu assister les Turcs le 29 mai dernier lors de la réouverture des mosquées en Turquie, après plusieurs semaines de fermeture due à la la pandémie de Covid-19.

Cette prière était un double événement puisque c'était la première depuis 87 ans à être récitée en ce lieu et qu'elle marquait en ce 29 mai l'anniversaire de la chute de Constantinople aux mains des Ottomans, comme l'a rappelé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, présent par visioconférence. «Il est très important de célébrer le 567e anniversaire de la conquête à travers des prières à Hagia Sophia» a-t-il commenté.

Pour les tenants d'un retour au culte musulman de Sainte-Sophie, c'est un premier pas. Parmi eux figurent les plus conservateurs des partisans du président turc qui n'a jamais caché son souhait de revenir sur une décision symbolique de la laïcisation de la Turquie voulue par Mustafa Kemal Atatürk. Le dirigeant avait fait de cet édifice construit au VIe siècle sur ordre de l'empereur byzantin Justinien sur les bords du Bosphore, «un musée offert à l'humanité». Depuis, Sainte-Sophie est le symbole d'un équilibre fragile entre les différentes communautés religieuses et de mémoires concurrentes pour un même lieu chargé d'histoire.

Réaction du Patriarcat de Moscou

Toute remise en cause de ce statut officiel déclenche ainsi une série de critiques. Le 6 juin dernier, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département des Relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, s'exprimant dans une émission de télévision, a rappelé que «pour des millions de chrétiens dans le monde entier, en particulier pour les orthodoxes, cette église (Sainte-Sophie) est le symbole de Byzance, le symbole de l'orthodoxie». «Cette église nous est chère, à nous, Russes, parce que ce fut là que les ambassadeurs du prince Vladimir, assistant à l'office, sentirent qu'ils ne savaient pas s'ils se trouvaient sur la terre ou au ciel et voulurent en parler au prince Vladimir. À la suite de cette ambassade, le prince Vladimir prit la décision historique de baptiser la Rus'» a poursuivi le métropolite Hilarion.

C'est pourquoi, selon le responsable des relations extérieures de l'Église russe, «toute tentative de modifier l'actuel statut de l'église Sainte-Sophie, qui est aujourd'hui un musée, entraînera une dégradation des fragiles équilibres interconfessionnels et interreligieux qui existent aujourd'hui» a-t-il mis en garde.

La Grèce, également très sensible sur cette question, et dont les relations avec la Turquie sont toujours délicates, est plus ou moins sur la même ligne. Selon Stelios Petsas, le porte-parole du gouvernement grec qui s'exprimait le 5 juin sur cette question, «Sainte-Sophie est un monument du patrimoine culturel» qui ne doit pas être instrumentalisé.  

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10 juin 2020, 17:18