Nombre record de réfugiés en 2019, selon le dernier rapport de l’UNHCR
Francesca Sabatinelli - Cité du Vatican
En 2019, plus de 27 000 personnes ont chaque jour quitté leur foyer, soit 10 millions en un an, un chiffre qui a porté le nombre total de personnes forcées de fuir à plus de 80 millions, soit 1 % de la population mondiale, comme l'explique le . Ce chiffre a doublé en 10 ans et inclut 47 millions de personnes déplacées à l'intérieur d’un pays, plus de 4 millions de personnes en attente d'une décision sur leur demande d'asile, plus de 29 millions et demi de réfugiés et autres personnes forcées de fuir leur pays. Des chiffres très élevés qui, selon Chiara Cardoletti, représentante du HCR pour l'Italie, le Saint-Siège et Saint-Marin, démontrent «comment la paix dans le monde nous échappe de plus en plus. Les réfugiés en sont témoins mais ils ne peuvent pas payer pour cette réalité dont ils ne sont pas responsables».
La plupart des réfugiés viennent de 5 pays
Que ces personnes fuient-elles? Des pays touchés par des conflits de longue durée, comme l'Afghanistan, qui est entré dans la cinquième décennie. De guerres plus récentes, comme celle de la Syrie, qui en est à sa dixième année, et qui est responsable à elle seule de l'exode de plus de 13 millions de personnes. Les deux tiers des personnes en fuite viennent de cinq pays: la Syrie, le Venezuela, l'Afghanistan, le Sud-Soudan et le Myanmar. Les zones très déstabilisées de la République démocratique du Congo et du Sahel sont également très préoccupantes aujourd'hui. «La situation, précise Carlotta Sami, porte-parole du HCR pour l'Italie, le Saint-Siège et Saint-Marin, devient encore plus dramatique si l'on pense au nombre très élevé d'enfants mineurs au moment du départ, estimé à environ 30-34 millions, dont des dizaines de milliers n'étaient pas accompagnés». Par ailleurs, huit réfugiés sur dix vivent dans des pays en développement, qui sont souvent des zones d'insécurité alimentaire et de malnutrition sévère, soumises au risque de changement climatique et de catastrophes naturelles.
Garder une attitude ouverte envers ceux qui fuient
Le pays qui a accueilli le plus de réfugiés au monde est la Turquie avec 3,6 millions de personnes, suivi de la Colombie avec 1,8 million de personnes, puis du Pakistan, de l'Ouganda et de l'Allemagne, le seul pays européen en tête de liste. «Nous assistons à une nouvelle réalité qui nous montre que les exodes forcés sont aujourd'hui non seulement plus répandus, mais qu'ils ne constituent plus un phénomène temporaire et de courte durée», a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, pour qui l’«on ne peut pas s'attendre à ce que des personnes vivent pendant des années et des années dans des conditions précaires, sans avoir ni la possibilité de rentrer chez elles ni l'espoir de commencer une nouvelle vie là où elles se trouvent». Il est donc temps d’adopter «à la fois une attitude profondément nouvelle et ouverte envers tous ceux qui fuient, et [de donner] une impulsion beaucoup plus déterminée pour résoudre les conflits qui perdurent pendant des années et qui sont à l'origine d'immenses souffrances».
Comme des enfants qui apprennent à marcher
La possibilité d'organiser et de permettre le retour des réfugiés chez eux est toujours plus réduite: dans les années 1990, la moyenne était d'un million et demi de personnes par an, et elle est aujourd'hui tombée à 385 000. «Celui qui arrive dans un pays en tant que réfugié est comme un enfant qui rampe, qui a besoin de quelqu'un pour le maintenir sur ses pieds et le faire bien marcher», confie Berthin Nzonza, fondateur de l'association Mosaico-Azioni per i rifugiati di Torino (Mosaico-Actions pour les réfugiés de Turin), arrivé en Italie en 2002 depuis la République démocratique du Congo. Celui qui fuit, explique-t-il, «n'est pas un fardeau mais apporte avec lui des valeurs et des compétences qui peuvent être utiles à ceux qui l’accueillent». «Quand vous quittez votre pays, vous laissez tous vos souvenirs et votre joie», témoigne Douaa Alkoka, une réfugiée syrienne de dix-neuf ans qui a fui Damas avec sa famille en 2016 et qui a passé une période longue et difficile au Liban avant de rejoindre le sud de l’Italie. Un témoignage poignant de ceux qui, après avoir surmonté la peur de ne pas pouvoir apprendre l'italien et la tristesse d'être loin de leur propre pays, où peut-être ils ne reviendront jamais, ont désormais trouvé la paix et la possibilité de reprendre des études.
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