Destituer Donald Trump, le pari risqué des démocrates américains
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Une tempête politique s’est levée ce mardi aux États-Unis avec le lancement de cette enquête pour “iłľ±č±đ˛ął¦łółľ±đ˛ÔłŮ”, voulue depuis longtemps par l’aile gauche du parti démocrate.
L’affaire concernant une conversation téléphonique entre le président américain et Volodymyr Zelensky a fait céder Nancy Pelosi, jusque-là réticente à s’engager dans une telle procédure. On devrait connaître ce mercredi la teneur exacte de cet échange, qui a eu lieu le 25 juillet dernier.
Les démocrates soupçonnent Donald Trump d’avoir fait pression sur son homologue ukrainien pour qu’il relance une enquête sur une société gazière, qui compte le fils de Joe Biden dans son conseil d’administration. Le président des États-Unis pourrait avoir menacé de bloquer une importante aide financière destinée à la défense de l’Ukraine face aux autonomistes soutenus par la Russie. Et ce, pour obtenir des informations susceptibles de nuire à Joe Biden, candidat favori de la primaire démocrate en vue de l’élection présidentielle de 2020. L’opposition cherche aussi à entendre le lanceur d’alerte qui est à l’origine de l’affaire.
Des vents favorables à Donald Trump?
Mais il est peu probable que le président Trump soit destitué, comme l’explique Corentin Sellin, professeur agrégé au Lycée Carnot à Dijon (France), spécialiste des États-Unis, auteur de Les États-Unis et le monde (2018, éditions Atlante). Pour que la procédure aboutisse, un jugement du Sénat doit emporter les deux-tiers des voix. Or les Républicains sont majoritaires, «ce qui signifie que 20 sénateurs républicains devraient voter pour la destitution de Trump. On en voit pas dans quelles conditions aujourd’hui 20 sénateurs de son parti abandonneraient Trump qui plane toujours à 90% d’approbation dans son parti selon les sondages», affirme-t-il.
Cette procédure à l’issue incertaine pourrait même se retourner contre le camp démocrate et profiter à Donald Trump, même si «cela devenait intenable de ne pas lancer au moins une enquête». Corentin Sellin pointe un «certaine précipitation» de la part de l’opposition. «C’est allé très vite sans que les faits soient vraiment cernés», «en particulier ce fameux lancement d’alerte», analyse-t-il. Un lancement d’alerte «jugé urgent et pertinent par l’autorité de contrôle du renseignement étasunien», et dont l’analyse sera déterminante. «Si ces éléments ne sont pas très incriminants pour Trump, les démocrates auront vraiment l’air idiot d’avoir lancé une enquête en impeachment à ce moment», estime le spécialiste des États-Unis.
Affaire à suivre donc, pour savoir qui, de Donald Trump ou de ses opposants, terminera vainqueur sur le tumultueux échiquier politique américain.
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