L’ONU s’alarme du nombre d’exécutions extrajudiciaires au Venezuela
Delphine Allaire - Cité du Vatican
Dans , publié jeudi 4 juillet depuis Genève, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, vilipende le nombre «extrêmement élevé» d’exécutions extrajudiciaires présumées par les forces de sécurité, « en particulier les forces spéciales (FAES)», dans le cadre d’opérations de sécurité au pays de Nicolas Maduro.
Dissoudre les forces spéciales vénézuéliennes
Des forces spéciales, très redoutées des Vénézuéliens, et dont sont critiquées en particulier «les descentes violentes dans les quartiers pauvres». Pour l’ancienne présidente du Chili en poste à l’ONU depuis 2018, il y a nécessité à «les dissoudre», a-t-elle constaté, se rendant à Caracas du 19 au 21 juin dernier.
En 2018, plus de 5 200 personnes ont été tuées pour «résistance à l'autorité» et depuis le début de l’année 2019, près de 1 600.
Un nombre de décès «anormalement élevé», note encore le rapport, alertant que nombre de ces exécutions se situent en dehors du cadre de toute loi, et que les institutions du pays avaient tendance à se militariser de manière croissante la décennie écoulée.
«Graves violations» des droits économiques, politiques et culturels
Le Haut-Commissariat appelle ainsi Caracas à prendre des «mesures immédiates et concrètes pour mettre fin aux graves violations des droits économiques, sociaux, civils, politiques et culturels».
Le rapport du Haut-Commissariat prévient par ailleurs que si la situation ne s’améliore pas, l’exode sans précédent de migrants et de réfugiés vénézuéliens se poursuivra et les conditions de vie de ceux qui restent dans le pays se détérioreront.
«La souffrance d’un peuple»
Et Michelle Bachelet de citer dans ce rapport onusien un prêtre catholique de Caracas, lui ayant confié les paroles suivantes: «Ce n’est pas une question politique, c’est une question de souffrance du peuple».
«Ce rapport n’est pas une question de politique, de géopolitique, de relations internationales ou autre chose qu’une question de droits de l’homme auxquels chaque Vénézuélien a droit», en a-t-elle conclu, avant de commenter son rapport vendredi 5 juillet devant l'ONU.
Érosion de l'État
«Les principales institutions et l'État de droit au Venezuela ont été érodés», a-t-elle ainsi déclaré, inquiète pour «l'exercice de la liberté d'opinion, d'expression, d'association et de réunion, et du droit de participer à la vie publique» dans le pays, au regard du risque de «représailles et de répression».
«Notre rapport fait état d'attaques contre des opposants, réels ou supposés, et des défenseurs des droits humains, allant de menaces et de campagnes de diffamation à la détention arbitraire, à la torture et aux mauvais traitements, à la violence sexuelle, aux meurtres et aux disparitions forcées», a abondé vendredi la responsable onusienne.
Michelle Bachelet qui a déploré que «la force excessive et meurtrière a été utilisée à plusieurs reprises contre les manifestants».
Pour sa part, le gouvernement de Nicolas Maduro a balayé le texte de l'ONU d’un revers de main, lui reprochant d’être truffé «d’erreurs, imprécisions, fausses affirmations et décontextualisations».
De son côté, la conférence épiscopale vénézuélienne a condamné, vendredi 5 juillet, la mort en détention, samedi 29 juin, du capitaine de corvette Rafael Acosta Arévalo, de même que les abus répressifs sur Rufo Chacón Parada. Ce jeune de 16 ans a perdu l'usage de ses yeux par des tirs de la police dans une manifestation.
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