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Marine Henriot - Cité du Vatican

C鈥檈st un nouvel épisode dans le douloureux feuilleton électoral qui saisit la RDC. Le 26 décembre, la Commission électorale nationale indépendante (Céni), annonçait le report partiel au mois de mars des élections présidentielles, législatives et provinciales, dans deux zones de conflit. Les élections «feront l鈥檕bjet d鈥檜n calendrier spécifique» a indiqué la Céni, à Beni-Butembo, dans l鈥檈st, touché par une épidémie d鈥橢bola et à Yumbi, dans l鈥檕uest, zone victime de tueries de civils attribuées aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). Près d鈥檜n 1,2 million d鈥�électeurs sont ainsi privés de leur droit de vote, sur 40 millions d鈥�électeurs inscrits, selon les chiffres de la Commission électorale.

Mgr Marcel Utembi, archevêque de Kisangani et président de la Cenco, la Conférence épiscopale du pays, s鈥檈st dit surpris de cette décision. «Malgré les situations de maladie et d鈥檌nsécurité, les gens vivent dans ces provinces. Les gens vont au marché, les élèves vont à l鈥�école, les croyants vont dans leurs lieux de culte鈥� la vie fonctionne normalement», témoigne-t-il, «que juste pour les élections, on nous dise 鈥渘on, le danger est trop important鈥� au point de ne pas pouvoir permettre aux citoyens d鈥檈xercer leur devoir civique, d鈥�élire leurs dirigeants, cela nous surprend.» La Céni, elle, ne précise pas la raison du report dans ces deux zones de conflit, deux parmi d'autres dans cet immense pays rongé par l鈥檌nstabilité.

La RDC, une «circonscription unique» 

D鈥檃utant plus que ce report partiel représente un réel danger pour la validité même de l鈥�élection présidentielle. Effectivement, pour le scrutin présidentiel, la RDC est considérée comme une "circonscription unique" par la commission électorale; une question se pose alors: peut-on tenir l鈥�élection présidentielle lorsque 3% du corps électoral est retranché ? 

«Le Peuple congolais ne tolérera pas un nouveau report des élections», avertissent la Cenco et l鈥橢CC, l鈥�Église protestante, dans un communiqué commun publié à la suite de l鈥檃nnonce du report partiel. L鈥�Église alerte sur le climat de tensions dans le pays et demande aux leaders politiques «particulièrement aux candidats Président de la République de lancer un appel pressant et public à leurs partisans en les invitant à la non-violence». Dans ce communiqué, l鈥�Église demande également au gouvernement de veiller au fonctionnement normal de l鈥檌nternet et des SMS pour les différentes parties prenantes au processus électoral.

Dans le pays qui n鈥檃 jamais connu de transition pacifique du pouvoir, les élections générales ont été trois fois repoussées depuis la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila fin 2016: de décembre 2016 à décembre 2017, de décembre 2017 au 23 décembre 2018, puis du 23 au 30 décembre 2018. Contraint de ne pas briguer un troisième mandat interdit par la Constitution, le président Kabila a désigné un dauphin, son ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary.

Ce candidat, visé par des sanctions de l'Union européenne, fait face aux deux principaux candidats de l'opposition, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.

Ce jeudi 27 décembre, la situation était extrêmement tendue à Beni, où des manifestants se sont rassemblés près de la commission électorale pour protester contre le report des élections. Des coups de feu auraient été entendus, sans que l'on ne sache pour le moment s'il y a eu des victimes.