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Des familles de manifestants emprisonnés, devant la prison de Managua au Nicaragua, le 18 juillet 2018. Des familles de manifestants emprisonnés, devant la prison de Managua au Nicaragua, le 18 juillet 2018.  

Nicaragua: «On peut vous tirer dessus à tout moment»

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, refuse toujours d’organiser des élections anticipées en 2019 au lieu de 2021, comme le réclame l’opposition ainsi que la conférence épiscopale. Le 19 juillet, lors des commémorations du 39e anniversaire de la révolution de 1979, il a accusé les évêques de se comporter comme des putschistes, et de s’être disqualifiés comme médiateurs. Les membres de l'opposition sont restés chez eux, pour ne pas envenimer la situation.

Timothée Dhellemmes – Cité du Vatican

Les chances de parvenir à une sortie de crise s’amenuisent au Nicaragua. Alors que l’Église a tenté sans succès d’engager une médiation entre le gouvernement et l’opposition, elle est désormais considérée comme un ennemi par le régime. Les manifestants s’organisent grâce aux réseaux sociaux, puisque l’Etat contrôle presque tous les médias.

Depuis le début de la contestation populaire le 18 avril dernier, environ 280 personnes sont mortes et plus de 1800 ont été blessées. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU, ces violences «ont été largement perpétrées par l'Etat et par des éléments armés pro-gouvernementaux».

Le Nicaragua isolé sur la scène internationale 

Le gouvernement nicaraguayen apparait de plus en plus isolé sur la scène internationale. Le 17 juillet, l'ONU a accusé les autorités de graves violations des droits de l'Homme. La Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac), ainsi que l’Union européenne, ont réclamé «la cessation immédiate des actes de violence» dans le pays.

Maria Campos, une sociologue de 27 ans, a participé à plusieurs manifestations. Elle estime que de plus en plus de personnes se mobilisent contre gouvernement. «Tout le monde se sent concerné par la mobilisation. Cela ne concerne pas uniquement la classe moyenne, ou la classe supérieure». Selon elle, «l’Eglise a fait un gros travail pour sauver un maximum de personnes. Mais les négociations n’ont pas aboutis car le gouvernement ne voulait pas vraiment négocier. Il veut rester au pouvoir».

Maria Campos témoigne avoir vu une maman pleurer son fils, tué lors d’une manifestation par les forces paramilitaires. «C’était très effrayant, parce que vous sortez de chez vous, simplement avec un drapeau, et vous devez savoir qu’on peut vous tirer dessus à tout moment», témoigne-t-elle.

Reportage de Timothée Dhellemmes

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20 juillet 2018, 18:03