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Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican
«Il faut écouter les cinq rives de la Méditerranée: l'Afrique du Nord, le Proche-Orient, la mer Noire et la mer Égée, la péninsule des Balkans et l'Europe du Sud.» Présentant jeudi à Rome la folle aventure du Bel Espoir, le cardinal Jean-Marc Aveline a mis l¡¯accent sur l¡¯écoute des blessures et des ressources dont regorge la Mare nostrum. La perspective doit être intégrale et non plus «euro-méditerranéenne» comme elle le fut trop longtemps. Cette mer «trop large pour confondre et trop étroite pour séparer», à la fois lieu géographique et prophétique, a été sillonnée par François de Lampedusa en 2013 à Ajaccio en 2024. L¡¯odyssée du Bel Espoir entend ainsi permettre à 200 jeunes de repartir sur les traces du pèlerinage méditerranéen du Pape qui a concrétisé et encouragé cette intuition ancienne, déjà pressentie par le vénérable Giorgio La Pira à la fin des années 1950.
Allumer les contre-feux de l'amitié, de la fraternité et de la justice
«Le Jubilé nous a donné l¡¯idée de cette dynamique de pèlerins d¡¯espérance en Méditerranée plutôt que dans un lieu déterminé», affirme le cardinal Aveline, confiant tenir le Pape François au courant de toutes les étapes du bateau. Une itinérance de huit mois pour huit groupes de 25 jeunes, et huit colloques thématiques dans huit villes choisies du pourtour méditerranéen. Le Pape devrait recevoir des cartes postales à chaque étape.
L¡¯archevêque de Marseille ayant reçu le Souverain pontife lors des Rencontres méditerranéennes de 2023 perçoit quatre enjeux dans cette odyssée maritime: l¡¯écoute et le recueil des expériences des cinq rives, douloureuses et heureuses, qui donneront lieu à un livre blanc ou bleu, navigation oblige; susciter et coordonner avec de multiples partenaires -universités, diocèses, associations-; vivre concrètement la synodalité en un lieu ecclésial mixte, ni pays, ni continent, à l¡¯image d¡¯expériences similaires en Amazonie ou dans le bassin du Congo; et construire une culture de dialogue et de paix. «Beaucoup aujourd'hui attisent les feux de la guerre. Il faut activement travailler à allumer les contre-feux de l'amitié, de la fraternité et de la justice», soutient le cardinal marseillais, convaincu que l'itinérance du bateau le permettra.
Préparer des jeunes à signer des traités de paix
Ce pèlerinage maritime offre déjà la possibilité de réinvestir deux objets à la très forte symbolique spirituelle que sont la mer et la barque, a expliqué le père Alexis Leproux, vicaire épiscopal aux relations méditerranéennes du diocèse phocéen. «Ils vont être pour nous ces outils simples qui nous permettent de nous décentrer de nous-mêmes». La démarche est, selon lui, triple: assumer le devoir d¡¯identité à travers la construction d¡¯un récit partagé, avoir le courage de l¡¯altérité à travers l¡¯art du dialogue, faire valoir la sincérité des intentions pour construire l¡¯avenir. Surtout dans les zones de guerre qui lacèrent les contours de cette mer dans son acception la plus large, jusqu¡¯en Arménie ou en Ukraine, sans oublier Chypre et la Terre Sainte. «Ces jeunes doivent venir sur le bateau avec une volonté d¡¯écoute, sans rentrer dans la dimension des États mais dans une intelligence réciproque», observe le père Leproux, souhaitant préparer toute une génération «à signer des traités de paix» dans les années à venir.
L'horizon d'un livre blanc ou bleu de la Méditerranée
Ce travail sur dix ou quinze ans peut commencer avec ces quinze jours passés ensemble à 25 dans l¡¯intimité de la navigation. À l¡¯issue de laquelle, les jeunes recevront un certificat et devront écrire un chapitre du livre bleu de la Méditerranée, qui sera remis au Pape et aux maires des grandes villes du pourtour en octobre. La mairie de Barcelone devrait indéniablement en faire partie, la cité catalane étant le port de départ de l¡¯expédition le 1er mars prochain. Une messe doit avoir lieu à la Sagrada Familia en présence des cardinaux Aveline et Omella, archevêque de Barcelone. À l¡¯instar de Marseille, le port de Barcelone est cosmopolite, habité et influencé par de multiples cultures. «La diversité reconnue, acceptée et valorisée fait croître l¡¯identité nationale», assure le cardinal Omella, ravi d¡¯accueillir le projet, tout comme l¡¯archevêque de Bari-Bitonto, Mgr Giuseppe Satriano, présent ce jeudi. Dans la ville des Pouilles, fenêtre ouverte sur le Proche-Orient, tout a commencé aussi avec une rencontre ?cuménique parfois oubliée, celle de tous les chefs des Églises et communautés chrétiennes du Moyen Orient, le 7 juillet 2018. Les jeunes du Bel Espoir ne manqueront pas d¡¯y arrimer pour leur septième et pénultième traversée.
Le processus méditerranéen
Après Bari, Florence et Marseille, plusieurs réseaux pour assurer une meilleure coordination ecclésiale sur le pourtour méditerranéen sont déjà consolidés: le Conseil des jeunes pour la Méditerranée, le réseau des théologiens de la Méditerranée, celui des sanctuaires mariaux, tandis que d¡¯autres rejoignent le processus à l¡¯image des Franciscains et des Caritas. Le travail préparatoire de cette «coordination» ou «conférence ecclésiale» encore à définir a été confié au cardinal Aveline en avril 2024 par le Pape.
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