Crise en RDC, l¡¯agence catholique CAFOD au chevet des victimes
Linda Bordoni ¨C Cité du Vatican
L'Église catholique est depuis longtemps au premier plan des efforts humanitaires en République démocratique du Congo, offrant aide et plaidoyer avant, pendant et après les crises. Suite à l'escalade de la violence dans l'Est du pays, qui a tué quelque 3 000 personnes et forcé des centaines de milliers à fuir, l'Église et ses partenaires sont sur le terrain pour répondre activement à la situation catastrophique. Bernard Balibuno, directeur national de la CAFOD en RDC, l¡¯organisation caritative internationale de développement et de secours, souligne la gravité de la crise. «Avant la guerre, il y avait déjà plus de 400 000 personnes déplacées dans les camps autour de Goma», explique-t-il
«Au fur et à mesure que les rebelles avançaient, ces camps ont été démantelés et nous estimons aujourd'hui qu'au moins 600 000 personnes sont déplacées dans des conditions désastreuses», ajoute-t-il. La situation est devenue de plus en plus catastrophique, lorsque les services essentiels ont été interrompus: «C'est la saison des pluies, et de nombreuses personnes déplacées n'ont pas d'abri convenable. D'habitude, elles sont accueillies par des familles, mais même ces familles ont dû fuir, pour leur propre sécurité», confie-t-il.
Besoins médicaux et humanitaires
Les installations médicales sont soumises à une pression énorme, les hôpitaux étant débordés par l'afflux de civils blessés et les fournitures médicales essentielles étant épuisées. «Même la morgue est pleine», indique Bernard Balibuno. «Nous sommes également très préoccupés par l'apparition de maladies comme le choléra, qui pourrait aggraver la crise».
Malgré ces défis, la CAFOD et ses partenaires, y compris Caritas Goma et l'Église anglicane, continuent de fournir des vivres, des articles non alimentaires, et de l'aide d'urgence. «Nous avons reçu des fonds d'urgence de la CAFOD d'Angleterre, ce qui nous a permis de commencer à intervenir avant même qu'Internet ne soit rétabli à Goma. Nos partenaires étaient sur le terrain et veillaient à ce que l'aide parvienne à ceux qui en avaient besoin», souligne t-il.
Initiatives de paix menées par l'Église
Au-delà de l'aide humanitaire, la Conférence des évêques catholiques de la RDC appelle à la paix et à l'ouverture d'un dialogue entre les parties. Elle a «réitéré les appels du Pape François, à mettre fin à la violence», déclare Bernard Balibuno, soulignant l¡¯initiative prise dans le but d¡¯ouvrir un cadre de dialogue et de discussions entre le gouvernement et les groupes rebelles, «ces consultations sont en cours», affirme-t-il. Le directeur national de la CAFOD en RDC confirme que la ville de Goma est actuellement administrée par les rebelles qui l'ont revendiquée à la fin du mois de janvier. L¡¯administration actuelle autorise l'acheminement et la distribution de l'aide, fait-il savoir. «Nous travaillons en toute neutralité. Les rebelles et les forces gouvernementales reconnaissent le rôle humanitaire de l'Église, ce qui nous permet d'accéder à de nombreuses zones, même si les problèmes de sécurité limitent encore les endroits où nous pouvons aller», précise-t-il.
Une crise oubliée
Bernard Balibuno a souligné la nécessité d'une plus grande attention de la part de la communauté internationale. «Cette guerre a été éclipsée par les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, mais nous avons perdu plus de 10 millions de personnes» au cours de ces années de violence, déclare-t-il, ajoutant que ces derniers jours, «3 000 personnes ont été tuées en l'espace de quelques jours seulement». La situation humanitaire se détériore rapidement, a-t-il poursuivi, notant que la crise a des effets considérables. «Les gens ne cultivent plus leurs terres en raison de l'insécurité. Si nous n'agissons pas rapidement, la crise alimentaire s'aggravera encore plus», averti Bernard Balibuno.
Un appel urgent à la solidarité
«Nous avons besoin de prières, de soutien et de sensibilisation. La communauté internationale ne doit pas oublier les habitants de l'Est de la RDC. Cette crise a été oubliée, mais les souffrances sont immenses», souligne Bernard Balibuno, appelant le monde à se souvenir du coût humain des combats. «Les 10 millions de vies perdues ne sont pas que des chiffres. Ce sont des âmes humaines, des familles déchirées. Il est temps que le monde en prenne conscience et agisse», conclu le directeur national de la CAFOD.
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