Violences en Colombie, l'Église interpelle les groupes armés
Johan Pacheco – Cité du Vatican
Dans le Catatumbo, au nord-est de la Colombie et à la frontière du Venezuela, les affrontements entre groupes armés illégaux ont fait plus de 80 morts, 11 000 personnes ont été déplacées et les pourparlers de paix entre l'État et les groupes armées ont été suspendus.
Le président Gustavo Petro a déclaré l’état d’urgence dans le pays, lundi 20 janvier, face aux troubles causés par des affrontements entre des membres dissidents des FARCS et la guérilla de l’Armée de libération nationale, l’ELN.
Dans cette région, l'évêque du diocèse de Tibú, Mgr Israel Bravo assure que l'origine de la confrontation actuelle est due aux «différences entre les deux forces révolutionnaires qui se trouvent dans la région, et les groupes illégaux qui s'y trouvent, dans les différences d'approche de leurs réalités qui les amènent à se battre avec l'État colombien».
Le problème réside dans le contrôle du territoire sur lequel est cultivée la pâte de coca qui sert à produire de la cocaïne. La région compte près de 50 000 hectares de cultures de coca. L'élément déclencheur a été la mort d'une famille, du mari, de la femme et d'un bébé de huit mois, explique l'évêque.
Déplacements migratoires
Le diocèse de Tibú a réservé quelques places dans le séminaire et au sein du «Centre Pape François», créé il y a quelques années pour s'occuper des migrants vénézuéliens. Ces structures accueilleront désormais les personnes déplacées des différents villages fuyant la violence armée. Certains migrants colombiens se réfugient également dans les communautés vénézuéliennes.
L'évêque de Tibú liste les conséquences graves de ces affrontements: «des enfants, des familles désespérées, des personnes qui quittent le territoire, un déplacement massif vers la ville de Cúcuta; mais aussi des pertes de millions de dollars, parce que les fermes sont abandonnées avec du gros et du petit bétail, bref, avec des maisons dont personne ne va plus s'occuper, et un climat de désolation et de peur commence à se développer».
Pèlerins de l'espérance avec les victimes de la violence
L'évêque appelle ceux qui génèrent la violence armée à «reprendre leurs esprits, à se rendre compte que nous tuer n'est pas la solution, et qu'en versant plus de sang sur un territoire qui a toujours été taché par le sang d'hommes et de femmes innocents ou moins innocents, mais qui verse le sang d'êtres humains, comme le dit le livre de la Genèse, “le sang de notre frère crie vers le ciel”, nous comprenons que ce n'est pas la solution».
Mgr Israel Bravo souligne que ce temps de Jubilé, aide l'Église catholique à maintenir l'espérance d'un avenir meilleur, pour les territoires du Catatumbo: «Nous sommes ici en tant que pèlerins de l’espérance pour rencontrer Jésus-Christ avec les victimes de la violence, avec les victimes des conflits armés».
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