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Le cardinal Pierbattista Pizzaballa. Le cardinal Pierbattista Pizzaballa.   (ANSA)

Cardinal Pizzaballa: «Au Moyen-Orient, ne pas confondre paix et solution»

Invité à une table ronde à Rome «La paix est-elle possible? La crise du Moyen-Orient», le patriarche latin de ´³Ã©°ù³Ü²õ²¹±ô±ð³¾ a soutenu la possibilité d’un cessez-le-feu politique, bien qu’il soit encore loin. Le processus n'est cependant pas impossible, mais doit être «le fruit d'une culture» semée également à partir de l'école «en créant les opportunités qui peuvent reconstruire la confiance petit à petit».

Edoardo Giribaldi - Cité du Vatican

«Le cessez-le-feu est possible». La réponse du patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa a été claire sur les conflits au Moyen Orient, alors qu’il était invité à une table ronde à Rome sur la question lundi 23 septembre.

Bien que le Pape François, de retour de son voyage en Asie et en Océanie s’était désolé qu’«aucun pas ne soit fait pour la paix», et que les dépenses militaires soient en constante hausse dans le monde, le cardinal Pizzaballa a voulu être une voix d’espérance.

Le danger de l'escalade entre Israël et le Liban

Il s’est d’abord inquiété de la récente escalade entre Israël et le Liban, les récentes frappes de Tsahal sur le territoire libanais faisant près de 500 morts en quelques jours. «Le front nord a toujours été chaud, ce n'est pas nouveau qu'il y ait des tensions, mais sous cette forme, nous devons remonter à 2006, lorsque l'armée israélienne est entrée au Liban», a-t-il déclaré. Depuis près d’un an, le Hezbollah a intensifié ses attaques contre Israël, a rappelé le cardinal, parlant d'opérations qui se sont déroulées «de manière plus ou moins contrôlées, jusqu'il y a quelques jours». Mais depuis mi-septembre, les attaques se sont multipliées: des tirs de roquettes en provenance du Liban atteignant Haïfa et des réponses israéliennes. «Il est très difficile de comprendre quelles sont les intentions réelles des uns et des autres, a déclaré le patriarche de Jérusalem: il y a des échanges d'accusations, beaucoup d'annonces, et il est difficile de comprendre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Mais c'est un fait qu'il y a, de la part de l'un et de l'autre et de manière différente, l'intention d'arriver à une sorte de “leçon“ pour l'autre, afin de calmer les populations».


Le sentiment de «haine» qui ronge Gaza

Du côté de la Cisjordanie, les affrontements sont «continus» et provoquent des tensions «très fortes», a poursuivi le cardinal. Le sentiment de haine qui s'est développé à la suite des attentats n'aide pas le processus de paix, rendant la situation continuellement «explosive», même si selon lui, il ne s'agit pas d'un «Gaza 2».

De plus, les centaines de chrétiens de la bande vivent dans une situation quelque peu «privilégiée», puisqu'ils campent dans des églises. Ils disposent d'une cuisine commune où la nourriture est préparée «deux fois par semaine», pour des repas qui sont ensuite partiellement complétées par l'aide humanitaire qui parvient à arriver. Il ne faut cependant pas sous-estimer les lacunes en matière d'hygiène, a souligné le patriarche latin de Jérusalem, ainsi que le risque de contracter des maladies comme la polio, surtout chez les plus jeunes.

Sur le front des négociations, «il y en a depuis un certain temps, mais cela ne fonctionne pas», a déclaré le cardinal. «Nous semblons toujours être proches d'une solution, mais nous ne parvenons jamais à la paix », a-t-il ajouté.

Ne pas confondre “paix“ et “solution“

Rappelant les attaques du 7 octobre, le patriarche latin de Jérusalem a qualifié ce jour dramatique, d'événement «inattendu», survenu alors que la situation au Proche-Orient semblait sur le point de se stabiliser. La population israélienne vit encore «de l'intérieur» ces événements tragiques, a-t-il déclaré. «Nous sommes encore dans la phase la plus aiguë du conflit, mais nous devons repenser le langage, les critères et les perspectives».

En ce qui concerne la possibilité d'un cessez-le-feu, il ne faut pas confondre «le mot paix avec le mot solution», a poursuivi le cardinal Pizzaballa. «En ces termes, cela n'a pas beaucoup de sens d'en parler. En ce moment, en Israël, on veut gagner et la paix n'est pas considérée comme une victoire. C'est l'un des grands malentendus, et pas seulement en Terre Sainte».


La paix n'est pas impossible

La paix reste toutefois possible, «parce que c'est un choix». Le cardinal a expliqué que «la paix politique, avec deux parties qui parviennent à un accord, n'existe pas. Cela ne veut pas dire qu'elle est impossible. Les institutions sont actuellement paralysées et la diplomatie n'est pas en mesure d'exercer une influence décisive sur le conflit. Cependant, la société n'est pas seulement constituée d'institutions, mais aussi d'autres réalités. Surtout, les acteurs du volontariat, présents par de nombreux canaux en Terre Sainte».

«Si j'ai appris quelque chose au cours de cette année, c'est qu'il faut se préparer à la paix. C'est le fruit de la culture», a-t-il souligné, «et il faut la préparer dans les écoles, à partir de la base, en créant les opportunités qui permettent de reconstruire peu à peu la confiance».

En fin de conférence, à propos de la nécessité d’éduquer à la culture de la paix et de l’opposer à la haine, la question du pardon mutuel entre les communautés a été abordée. «Il n'est pas facile d'en parler aujourd'hui. Au niveau personnel, il y a de merveilleux témoignages de pardon, mais au niveau public, il faut une dynamique différente. Il s'agit de sujets complexes et difficiles, mais qui requièrent des témoins capables d'amener ces attitudes dans la réflexion publique. En ce sens, nous, chrétiens, nous devons nous tenir prêts. Même si nous sommes peu nombreux, nous devons être capables de regarder au-delà», a conclu le cardinal.

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24 septembre 2024, 11:35