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Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

À travers un communiqué, le Conseil national du Laïcat du Sénégal dit son indignation face à ce qu’il considère comme des «menaces à peine voilées» à l’endroit de l’école privée catholique. Le message signé le 4 août 2024 par son président, le docteur Philippe Abraham Birane Tine, fait référence aux propos du Premier ministre du Sénégal sur la question du port du voile dans les établissements scolaires au cours d’une rencontre avec les lauréats du «Concours général». «Au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile». «Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée», a déclaré le chef du gouvernement sénégalais, selon des mots rapportés dans le communiqué. Pour le Laïcat, ces déclarations, sur une question qui n’est pas nouvelle, heurtent la sensibilité des sénégalais épris de justice et de vérité. Elles tendent «à faire croire qu’être catholique c’est avoir la culture occidentale». Offusqué, le Conseil du Laïcat rappelle que les écoles catholiques respectent les lois et les règlements régissant la Nation sénégalaise.

Le Sénégal, un pays où règnent la coexistence pacifique et la pluralité des cultures et des croyances

«Le Sénégal est un pays où coexistent, en harmonie, depuis fort longtemps, des cultures diversifiées bien avant l’avènement des religions abrahamiques que nous avons accueillies», écrit le Conseil du Laïcat. Il s’agit, renchérit-t-il, d’une coexistence pacifique riche d’une pluralité de cultures et de croyances, de mécanismes de solidarité vécus au quotidien ou lors des grandes solennités et peuvent être regardées comme des manifestations d’un «vouloir» vivre en commun. Le laïcat appelle les pouvoirs publics à préserver cette coexistence pacifique, à favoriser l’expression de cette diversité et à faire respecter les équilibres en promouvant la construction d’un espace d’égalité et de réciprocité.

L’enseignement catholique prône le respect de l’autre

Fortement imprégné des valeurs évangéliques, rappelle le Laïcat, l’enseignement privé catholique privilégie, dans son projet éducatif, le respect de l’autre; et, suivant la Constitution du Sénégal, il consacre le droit à l’éducation et au savoir lire et écrire pour chaque citoyen sénégalais. Les personnes de toutes les conditions et de toutes les confessions religieuses bénéficient de l’éducation qu’offre l’Église depuis deux siècles dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. En termes de chiffres, le communiqué du laïcat du Sénégal fait remarquer que les écoles d’enseignement privé catholique accueillent 119 868 élèves, dont seulement 33 664 sont de confession catholique, soit 28,08%.

Les écoles privées catholiques ne vont pas tolérer des comportements contraires à son projet éducatif

Le règlement intérieur des établissements d’enseignement privé catholique n'affecte ni la neutralité de l'enseignement dispensé, ni le respect de la liberté de conscience des élèves et leurs convictions religieuses, écrit le Laïcat. «En conséquence, les institutions privées catholiques ne sauraient tolérer, au nom de quelque conviction ou croyance, les attitudes et comportements contraires aux principes et à l’esprit de son projet éducatif», souligne le communiqué signé par le docteur Tine. Ces institutions restent fermes contre les comportements qui ne respectent pas les règles de la discipline générale et qui peuvent porter préjudice au vivre ensemble et au bon fonctionnement de tout établissement, poursuit le message. En guise d’exemple, il cite les cas d’élèves refusant de s’asseoir à côtés des condisciples de sexe opposé, de faire la gymnastique dans la tenue de l’école pour des convictions religieuses, se regroupant ou s’isolant pour les mêmes raisons et refusant le port de l’uniforme de l’école.

La question du voile doit respecter le règlement intérieur des écoles catholiques

Le Conseil national du Laïcat exprime son soutien aux institutions privées catholiques et les encourage à demeurer respectueuses des dispositions de la loi de l’éducation nationale qui donne la possibilité aux établissements d’organiser «une éducation religieuse optionnelle», dans le respect du principe de la laïcité de l’État. Les parents et les élèves qui ne souhaitent pas respecter le règlement intérieur de l’école privée catholique doivent s’en prendre à elle-même, estime le Laïcat. Il en est de même pour la question du voile, comprise comme «une conséquence de l’exigence du respect d’une règle générale découlant du principe du vivre ensemble dans une égale dignité et dans le respect de la diversité culturelle et religieuse au sein des établissements d’enseignement privé catholique».

Proscrire tout prosélytisme à l’école et promouvoir le vivre ensemble, la stabilité et la paix au Sénégal

Outre le secteur éducatif, le Laïcat du Sénégal rappelle que l’Église catholique participe de manière active au développement social et économique du pays, notamment dans les domaines de la santé et à travers des actions caritatives «destinées à toutes les couches sociales, sans distinction de religion ou d’origine». Il invite les forces vives du pays, et surtout les pouvoirs publics, à consolider le vivre-ensemble afin d’asseoir la stabilité durable du pays, facteur clé d’un développement économique et social inclusif. L’organe national du Laïcat du Sénégal rappelle également «la nécessité de respecter le règlement intérieur des écoles catholiques qui proscrit tout prosélytisme à l’école». Il se dit ouvert à toute forme de dialogue qui met en avant le vivre ensemble, la stabilité et la paix au Sénégal.