ÃÛÌÒ½»ÓÑ

Le père Jean Messengue entouré de quelques personnes âgées avec qui il chemine dans sa pastorale. Le père Jean Messengue entouré de quelques personnes âgées avec qui il chemine dans sa pastorale. 

Face à la culture de l’individualisme, les personnes âgées ont besoin d'attention

Le dimanche 28 juillet a été célébrée la 4e édition de la Journée mondiale des grands-parents. Sous le thème «Dans ma vieillesse ne m’abandonne pas», cette journée a eu un retentissement mondial. Dans une interview accordée à Radio Vatican – Pope, le prêtre jésuite camerounais Jean Messengue s’est exprimé sur le sens de la célébration de cette journée qui met en valeur les personnes âgées, particulièrement en Afrique.

Colette Labaki – Cité du Vatican

Célébrée chaque quatrième dimanche de juillet, la Journée des grands-parents est une initiative du Pape François qui a pour objectif d’éveiller la conscience de l’humanité sur la réalité d’une «population particulière». «Les personnes âgées font partie des personnes vulnérables, dont la population est grandissante surtout en Europe. Et cette célébration nous permet de prendre conscience de la présence de ces personnes vulnérables dans leur spécificité, avec leurs besoins spécifiques, avec leurs appels spécifiques et leur présence aussi spécifique au sein de l'Église», a expliqué le prêtre jésuite camerounais Jean Messengue, directeur du Centre de counseling et de la pastorale clinique (COPAC) à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

Suivre le père Jean Messengue, directeur du Centre de counseling et de la pastorale clinique (COPAC) à Abidjan, en Côte d'ivoire.

La figure des grands-parents en Afrique

De façon générale, les personnes âgées occupent une place importante dans les sociétés africaines, car les valeurs et les principes africains garantissent leur bien-être. «En général, l'expression ‘personnes âgées’ n'est pas celle qui est fréquemment utilisée, puisque celle-ci renvoie à leur âge», a fait savoir le père Messengue, précisant qu’en Afrique, «l’on parle davantage des personnes mûres, et les personnes dites âgées sont plutôt perçues comme des sages». Il s’agit donc, selon lui, «d’un langage qui reconstruit et invite à présenter de façon beaucoup plus positive et valorisante les personnes qu'on appelle ‘personnes âgées’».

En Afrique, en outre, les sages ou les «personnes mûres» ne deviennent pas passifs. «Elles changent plutôt de position sociale, elles changent de responsabilité sociale, familiale ou communautaire, elles changent de rôle», a souligné le directeur du COPAC. Et dans la vision africaine, ceux qu'on appelle ailleurs «personnes de troisième âge», ont une présence participative dans la vie des familles, dans la vie des communautés, «parce qu’elles deviennent des références».


Assurer la santé psychologique spirituelle des personnes âgées

Aujourd’hui malheureusement en Afrique, en particulier dans les milieux urbains, a déploré le jésuite camerounais, «la tendance à mettre les personnes du troisième âge à l'écart se fait sentir». De ce fait, a-t-il poursuivi, la pastorale pourrait jouer un rôle important «en créant des espaces, en organisant des activités pastorales spécifiquement orientées vers le bien-être et l'attention aux personnes âgées».

«On pourrait organiser par exemple des visites aux personnes de troisième âge. Au niveau des C.E.B., on pourrait organiser une journée dédiée aux personnes de troisième âge. En outre, en s'inspirant du rôle que les personnes de troisième âge jouent dans les sociétés africaines, on pourrait les intégrer dans certaines structures, dans certains comités en tant que sages, ou encore créer des espaces de rencontre entre les jeunes et les personnes âgées», a proposé le père Messengue.

Par ailleurs, a fustigé le directeur du COPAC, il y a également le phénomène de sorcellerie qui divise de nombreuses familles en Afrique. Certains enfants, en effet, a-t-il expliqué, «coupent les liens avec leurs parents ou grands-parents parce que peut-être qu'ils ont vu des hommes de Dieu qui leur ont dit: ‘ta situation ne s'améliore pas à cause de ton grand-père ou de ta grand-mère'». La pastorale pourrait, en ce sens, jouer un rôle important «pour déconstruire ces préjugés et protéger les liens entre les parents âgés et les enfants ou les grands-parents et les enfants», a fait savoir le père Messengue.

Prendre soin des personnes âgées dans nos familles et communautés

Le jésuite camerounais a conclu en invitant tout un chacun à prendre conscience de l’énorme richesse qu’incarnent les personnes âgées dans nos familles et communautés. «Puisque les choses ne vont pas du soi, il faudrait créer des cadres et des structures. Par exemple, dans nos paroisses, de la même façon que nous avons des aumôniers pour les jeunes, les femmes, pourquoi ne pas penser à un aumônier des personnes de troisième âge, de telle sorte que des activités soient organisées pour elles?», a-t-il suggéré. Cette attention permettra, en effet, de promouvoir le bien-être aussi bien psychologique que spirituelle des personnes vulnérables et de celles du troisième âge, qui ont encore beaucoup à donner.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

29 juillet 2024, 14:52