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Solennité du Corpus Christi Solennité du Corpus Christi 

Méditation du Corpus Domini: le don radical du Corps et du Sang du Christ

Le père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures de la solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Lectures: Ex 24, 3-8          Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18       He 9, 11-15        Mc 14, 12-16.22-26

Les lectures proposées en cette Solennité du Saint Sacrement nous invitent à reprendre conscience du sens profond que revêt l’Alliance avec Dieu: il s’agit d’un don qui transforme nos vies.

La première lecture dresse un cadre solennel pour l’Alliance conclue entre le Seigneur et Israël. Après avoir entendu Moïse rapporter les ordonnances du Seigneur, le peuple s’exclame: «Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique». Moïse fait alors préparer holocaustes et sacrifices de taureaux, asperge l’autel, puis le peuple, avec le sang des animaux sacrifiés, et il conclut la célébration en disant: «Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous». L’Alliance est donc placée dans un cadre liturgique solennel. Un vocabulaire grandiose est également utilisé par l’auteur de la lettre aux Hébreux lorsqu’il présente le Christ comme le grand prêtre et la victime, offrant lui-même son sang pour que nous puissions rendre un culte au Seigneur. Mais de son côté, l’extrait de l’Évangile de Marc lu ce dimanche ne situe pas la dernière Cène dans un cadre qui impressionne: il est simplement dit que les disciples doivent repérer un homme portant une cruche d’eau qui les guidera vers une salle où préparer la Pâque. Loin de recourir à un vocabulaire grandiose pour présenter l’institution de ce que nous vivons aujourd’hui comme l’eucharistie, l’évangéliste Marc adopte un langage ordinaire pour faire sentir toute la gravité de la dernière Cène: Jésus rompt le pain, le bénit et le distribue à ses disciples en disant: «Ceci est mon corps» … Jésus prend la coupe, rend grâce et, après que tous y aient bu, déclare: «Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis: je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu». L’Alliance dont il était question avec Moïse et le peuple au désert est reprise ici sous la forme d’un repas durant lequel, comme à toute célébration de la Pâque juive, est commémorée la sortie de l’esclavage vécu en Égypte et durant lequel est également annoncé le passage de Jésus vers une vie nouvelle. Les disciples (et une multitude d’hommes et de femmes après eux) sont eux aussi invités, en mangeant ce pain et en buvant à cette coupe, à emprunter la voie ouverte par Jésus pour, libérés de la morsure du péché et de la mort, passer, grâce à lui, dans cette vie nouvelle. Telle est l’Alliance que nous célébrons aujourd’hui: un don radical, libérant et bouleversant.

L’Alliance dont parle Jésus, celle que nous célébrons dans chaque eucharistie, ne se présente pas comme un contrat entre deux partenaires qui auraient défini les conditions de leurs relations mutuelles pour ensuite sceller leur accord dans un document juridique rendu officiel par l’apposition de leurs signatures. Cette Alliance est un don, offert et reçu, un partage et un engagement. Lors de la Cène -prélude à la Passion et la Résurrection- Jésus fait référence à son propre corps et à son propre sang. Il dit ainsi clairement qu’il se donne, totalement et sans réserve. Le fait que les disciples mangent le pain que leur donne Jésus et boivent la coupe que leur tend Jésus indique qu’ils acceptent ce don, qu’ils veulent en vivre et qu’ils désirent le partager: ils reconnaissent que Jésus ouvre une voie nouvelle devant eux, celle qu’ils ont déjà entraperçue à travers les gestes et les paroles de Jésus durant sa vie publique et celle qu’ils vont découvrir –non sans résistance– lors de la Passion et de la Résurrection. En acceptant le don que Jésus fait de lui-même, les disciples placent ainsi leur vie dans une perspective nouvelle.

Nous tous, qui désirons communier au Corps et au Sang du Christ, nous nous situons dans la continuité de cette dynamique inaugurée il y a près de deux mille ans. Puisse cette dynamique renouveler sans cesse nos vies!

Suivre la méditation de la solennité du Corpus Christi, proposée par le père Antoine Kerhuel,SJ

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01 juin 2024, 12:02