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Colette Labaki - Cité du Vatican

Des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, des autorités politiques et administratives, civiles et militaires ont pris part dimanche 9 juin à la messe d’ordination épiscopale Mgr Aurelio Gazzera, évêque de Bangassou, en République Centrafricaine (RCA), nommé par le Pape François le 23 février 2024. Il est appelé à prêter mains fortes à Mgr Juan Jose Aguirre et, plus tard, à lui succéder. Dans ce diocèse aux défis énormes, aux attentes nombreuses et multiformes, le cardinal Nzapalainga a attiré l’attention du nouvel évêque sur la mission qui l’attend.

En effet, situé à 750 km de Bangui, la capitale, le diocèse de Bangassou est difficile d’accès et n’abrite que deux communautés religieuses masculines et deux communautés religieuses féminines. Ce diocèse garde encore les stigmates des crises militaro-politiques où certaines localités sont encore entre les mains des groupes rebelles. Dans une telle situation, «il y a des hommes et des femmes qui attendent de recevoir de vous la Parole de Dieu qui réconforte et relève, des sacrements qui augmentent en eux la vie de Dieu», a dit l’archevêque de Bangui. Car, a-t-il poursuivi, «vous vous engagerez à garder la pureté et l’intégralité du dépôt de la foi selon la tradition reçue des Apôtres, à prendre soin du peuple qui vous est confié et de le conduire sur le chemin du salut, ensemble avec vos proches collaborateurs les prêtres».

Être la voix des sans-voix

«Vous serez appelé à devenir la voix des sans-voix et à prendre position face à des réalités sociopolitiques et économiques au nom de votre foi et de l’Évangile», a dit avec force le cardinal. Dans un contexte où la population ne cherche qu’à vivre dignement et décemment, «l’Église ne peut donc se taire, au risque de se rendre complice, lorsque cette dignité de la personne humaine est foulée aux pieds, lorsque prédominent des structures socio-économiques et politiques injustes qui favorisent l’enrichissement des riches et accentuent l’exploitation des pauvres, des petits et des marginalisés, lorsque le sang des innocents est versé, lorsqu’on tue et assassine des êtres humains impunément sans être inquiété comme si l’on écrasait des mouches», a relevé l’archevêque de Bangui en pensant à son peuple. «Lorsque la misère côtoie l’insolence des richesses mal acquises au lieu de leur juste répartition les conflits sociaux et militaro-politiques ne sont pas toujours loin», a-t-il fait remarquer.

Un travail de collaboration

Avant sa nomination, Mgr Gazzera a assumé diverses responsabilités dans le diocèse de Bouar. Il a été formateur et directeur au séminaire de la Yolé, curé de la paroisse Saint-Michel de Bozoum pendant 17 ans, Supérieur de la Délégation des Carmes Déchaux d’Afrique Centrale. Il a été aussi Secrétaire exécutif diocésain (SED) de la Caritas, toujours dans le diocèse de Bouar. En tant que membre de la Communauté de Baoro, il s’est occupé des villages de la savane et de l’école mécanique de Baoro en tant que directeur. Un travail de qualité que le cardinal reconnait, tout en attirant son attention sur la collaboration avec l’ordinaire du lieu.

«Nul ne doute que vous saurez bénéficier des expériences, de la sagesse et des conseils avisés de Mgr Juan Jose Aguirre. Il a exercé vingt-six années durant à la tête du diocèse de Bangassou. Il a su capitaliser à bon escient ce qu’il a lui-même reçu de Mgr Marie-Aintoine Maanicus en y ajoutant des éléments propres, fruits de ses expériences personnelles, de sa formation, de sa spiritualité combonienne et de son engagement missionnaire». Dans ce même élan le cardinal Nzapalainga a invité Mgr Gazzera à collaborer avec le clergé local, les religieux et les religieuses, les catéchistes et tout le peuple de Dieu. Le cardinal a conclu en exhortant toute l’Église-Famille de Dieu du diocèse de Bangassou à s’unir à son futur pasteur pour ne faire qu’un avec lui dans l’annonce de l’Évangile.