Ukraine: l'archevêque de Lviv appelle les Européens à ne pas rester indifférents
Stefano Leszczynski et Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican
L'archevêque de Lviv des latins, Mgr MieczysÅ‚aw Mokrzycki, qui se trouve à Rome ces jours-ci, est le pasteur du plus grand archidiocèse latin d'Ukraine, où les catholiques de ce rite, entre 700 000 et un million de fidèles, sont surtout présents dans l'ouest du pays. Mgr Mokrzycki, né en Pologne mais non loin de Lviv, a été deuxième secrétaire particulier d'abord de saint Jean-Paul II, à partir de 1996, puis, jusqu'au 16 juillet 2007, du Pape Benoît XVI, qui l'a nommé archevêque coadjuteur de Lviv à cette date. Il a été plusieurs fois président de la conférence épiscopale d'Ukraine, jusqu'en mars 2023. Lors d'une visite à Radio Vatican-Pope, nous lui avons demandé de nous parler de la situation dramatique de son pays, soumis à l'agression russe depuis février 2022, et de l'engagement du Pape, du Saint-Siège et de l'Église universelle pour soulager les souffrances du peuple ukrainien martyrisé et pour trouver les chemins de la paix.
La guerre dure depuis plus de deux ans. La situation en Ukraine continue d'être marquée par de grandes souffrances, et le Saint-Siège, en particulier le Saint-Père, accorde toujours une grande attention aux souffrances du peuple ukrainien. Comment recevez-vous ce message de solidarité?
Nous sommes très reconnaissants au Pape François, qui ne cesse de parler de l'Ukraine martyre et qui, chaque mercredi, chaque dimanche, après l'Angélus, mentionne toujours notre pays et invite toujours le monde entier, en particulier l'Église catholique, à prier. Il appelle également à une solidarité concrète avec tous ceux qui souffrent. En donnant d'abord l'exemple, en envoyant beaucoup d'aide humanitaire et financière, beaucoup de marchandises et d'ambulances. Ces jours-ci, le cardinal Konrad Krajewski retournera en Ukraine avec une ambulance et, mercredi prochain, il bénira un centre de rééducation dans le diocèse de Kam'janec'-Podil's'kyj.
Un autre signe de cette proximité sera la visite, cet été, le 21 juillet, du cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin...
Nous sommes très reconnaissants au Saint-Père François d'avoir envoyé son légat, le cardinal secrétaire d'État, dans notre sanctuaire marial national de Berdytchiv, près de Kiev, où les pèlerins viennent de toute l'Ukraine. C'est un signe très fort de la proximité du Saint-Siège, du Pape François, de l'Église catholique avec nous, Ukrainiens, avec l'Église catholique en Ukraine. Nous croyons que toute l'Église universelle se joindra à cette prière et nous espérons que nous obtiendrons cette paix, qui est désirée depuis si longtemps.
L'une des plus grandes causes de souffrance pour l'Ukraine est le sort des nombreuses personnes dont on n'a plus de nouvelles, et en particulier des enfants qui ont été enlevés. C'est l'un des points sur lesquels les efforts de la diplomatie vaticane sont les plus concentrés...
Nous sommes très reconnaissants au Saint-Père, au Saint-Siège, qui intervient toujours, qui demande par l'intermédiaire de l'ambassade de Russie que ces enfants soient libérés. Il y a aussi les nombreux soldats qui sont en prison en Russie et aujourd'hui encore, le Saint-Père, à la fin de l'audience générale, a rencontré une femme et une mère dont le mari et le fils sont prisonniers. Elles lui ont demandé de prier et d'intervenir, également pour les milliers d'autres soldats qui sont emprisonnés en Russie. C'est une grande souffrance: non seulement pour la mort de tant de soldats, mais aussi pour tant de personnes qui souffrent, tant de personnes qui reviennent handicapées. La situation en Ukraine est toujours très difficile et pesante, car les gens n'ont pas de travail. Beaucoup partent vers l'ouest de l'Ukraine ou vers l'Europe.
En Europe, la société civile semble parfois se détourner de la gravité de ce conflit. Quel message pouvez-vous faire passer pour que les gens comprennent à quel point il est important que les Européens soient sensibles à ce qui se passe en Ukraine?
Que nous ne devons pas être indifférents, que nous ne devons pas oublier qu'il y a des gens qui vivent à côté, qui vivent dans un pays où il y a la guerre, où il n'y a pas de justice, et que d'autres n'ont pas le droit de leur enlever cette dignité, de leur enlever le droit d'avoir une nation. Et de toujours rappeler aux gens que nous ne devons pas oublier les béatitudes que Jésus a dites: «J'étais un étranger, j'étais en prison et vous m'avez donné à manger, vous m'avez visité, vous m'avez accueilli». Tel est notre engagement chrétien, mais aussi humain. Nous devons toujours être solidaires, nous ne devons pas faire semblant de ne pas voir ce qui se passe à côté de nous.
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