Les femmes aident l’Eglise à embrasser son identité synodale
Christian Kombe, SJ et Camille Mukoso, SJ – Nairobi
La conférence internationale dédiée aux théologiennes africaines s’est ouverte dans la soirée du jeudi 7 mars 2024 à Nairobi, au Kenya. Les allocutions d’ouverture ont servi à dresser les contours de ces assises consacrées au thème de la synodalité et à la production théologique des africaines dans ce processus de réforme de l’Église.
Pour une systématisation de la production théologique féminine
«Les voix des femmes peuvent aider l’Église à retrouver son vrai visage et à embrasser son identité synodale: une, sainte, catholique et apostolique». C’est la conviction du père José Minaku, exprimée lors de son allocution d’ouverture de la conférence sur les femmes théologiennes. Pour le président de la conférence des jésuites d’Afrique et Madagascar (JCAM), dans la conversion synodale à laquelle l’Église est appelée aujourd’hui, ces voix ont une place de choix. Elles «donnent une tonalité particulière à l’unité de l’Église, riche de sa diversité». Elles renforcent sa sainteté à travers leur témoignage. Ces voix expriment également la «catholicité de l’Église, qui n’est pas restrictive par nature mais ouverte et accueillante», et mettent en avant son apostolicité, a souligné le père Minaku. Ainsi, pour que l’Église tire pleinement profit de cette contribution précieuse et unique, il est nécessaire d’œuvrer à sa systématisation. Selon le président du JCAM, ce processus, comme le propose la théologienne ghanéenne Mercy Amba Oduyoye, ne devrait pas se limiter au travail des théologiennes professionnelles, mais inclure également celles dont «la théologie orale est ancrée dans leurs prières, les chants qu’elles composent et chantent, et les artéfacts qu’elles créent, nomment et dédient».
Kimpa Vita, une précurseure de la synodalité et de l’inculturation
En prenant la parole à la table de l’Église synodale, les femmes et théologiennes africaines d’aujourd’hui s’inscrivent dans une longue tradition des femmes qui ont promu une vision plus synodale et inculturée de l’Église. La figure de Dona Beatriz Kimpa Vita (1684-1706) de l’ancien royaume du Kongo apparaît comme une précurseure du discours théologique en faveur d’une Église synodale et de l’inculturation de la foi, ont souligné dans leurs communications liminaires le jésuite Agbonkhianmeghe Orobator et la sÅ“ur Léocadie Lushombo, données à partir de Santa Clara University (Californie), où ils sont respectivement doyen et professeure à la faculté de théologie. Brûlée vive à la suite de son mouvement qui prônait notamment la restauration du royaume Kongo et une africanisation du christianisme, celle que l’on surnomme la «Jeanne d’Arc kongolaise», offre l’exemple d’une femme africaine dont la contribution reste déterminante et inspirante pour la réflexion contre les diverses formes de domination, et pour une Église davantage inclusive et inculturée, ont-ils souligné.
La synodalité, une autre manière d’être Église
La synodalité nous introduit au cÅ“ur d’un voyage spirituel où l’Église, en tant que communauté de foi en marche, guidée par l’Esprit, s’inscrit dans une dynamique d’écoute mutuelle et de discernement pour répondre aux défis pastoraux et sociaux de notre époque, a confié pour sa part sÅ“ur Anne-Béatrice Faye, qui a participé comme experte et facilitatrice au service du secrétariat du synode lors de la première session d’octobre 2023. Partageant son expérience de l’assemblée synodale, la religieuse sénégalaise, membre de la congrégation des sÅ“urs de l’Immaculé Conception de Castres, a insisté sur le caractère inclusif et participatif du chemin vers une Église en constante évolution. Dans cette marche, tous les membres du peuple de Dieu ont leur rôle à jouer pour imprégner l’esprit synodal dans chaque aspect de la vie ecclésiale, a-t-elle souligné aux participants. Selon sÅ“ur Faye, les leçons tirées du processus synodal révèlent «une autre manière d’être Église» ancrée dans l’écoute, la communion et la recherche constante de la volonté divine. Le processus synodal est donc un kairos pour l’expression des voix des femmes et des théologiennes africaines, a conclu la religieuse.
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