Côte d’Ivoire: le père Malan plaide pour l’insertion des personnes handicapées
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican avec Marcel Ariston Ble - Abidjan
«Unis dans l’action pour sauver et réaliser les ODD pour, avec et par les personnes handicapées». Tel est le thème de l’édition 2023 de la Journée internationale des personnes handicapées. Selon le père Roland Malan, secrétaire exécutif diocésain de la pastorale des personnes en situation de handicap de Yopougon, ce thème vient mettre en exergue la personne handicapée dans ce projet du développement durable. «Vous êtes sans ignorer que les personnes en situation de handicap sont souvent mises en marge...En Afrique nous en avons assez, mais elles ne sont pas prises en compte dans les projets de développement», a laissé entendre le père Malan. Par ailleurs, il s’est réjoui de la volonté affichée des organismes onusiens, en les associant à ces projets, car l'on ne peut pas faire le bonheur de ces personnes sans elles.
Aider les personnes en situation de handicap
À l’occasion de la célébration de cette journée, le père Malan a porté en prière toutes ces personnes qui souffrent dans l’indifférence, afin que le Seigneur les assiste dans leur vie, lui demandant également, «de jeter son regard de miséricorde sur ces personnes de sorte qu’il y ait des facilitateurs dans leur vie de tous les jours». Ces personnes, a-t-il poursuivi, «sont confrontées à des blocages, ce qui fait que le handicap devient pesant».
Faciliter leur intégration dans l’Église et dans la société
Mise en place depuis maintenant cinq ans par Mgr Jean Salomon Lézoutié, évêque du diocèse de Yopougon, la pastorale pour les personnes en situation de handicap dans ce diocèse, se bat pour leur intégration dans l’Église. Il y a en effet des défis à relever: «travailler de sorte qu’il y ait leur inclusion dans l’Église, que leur handicap ne soit pas un frein, car nous sommes tous enfants de Dieu». Il faut les impliquer dans toutes les paroisses où elles se trouvent, a-t-il suggéré, mettant en garde de «ne pas les utiliser comme des personnes qu’on doit assister et qui n’ont rien à dire». Le père Malan conseille plutôt de «les aider à vivre leur foi à travers leur participation active et effective aux différents actes liturgiques au cours de la messe», et même au sein des mouvements, associations et groupes de prière. «Il faut aussi leur faire de la place afin qu’elles mettent comme tous les autres, leurs talents au service de l’Église», a-t-il déclaré.
En dehors de la religion, il souhaite une intensification de la sensibilisation, «de sorte que cette stigmatisation, ou cette marginalisation, soit vraiment bannie dans nos comportements, pour qu’elles puissent jouir de leurs droits».
Manque de structures spécialisées pour accompagner les personnes handicapées
Le père Roland Malan a aussi plaidé pour qu’il y ait davantage de structures étatiques spécialisées pour accompagner les personnes en situation de handicap. Son pays, a-t-il fait savoir, ne dispose «que de deux structures» basées à Abidjan qui forment les enfants et les adolescents. Il s'agit notamment de «l’INIPA, l’institut national pour la promotion des aveugles de Yopougon et l’ECIS, l’école ivoirienne pour les sourds située à Yopougon». À cela, s’ajoute, a-t-il relevé, le manque d’interprètes pour aider les élèves handicapés auditifs à comprendre les cours, «ce qui compromet sérieusement leurs études». Le père Milan a regretté que «sur 10 ou 15 collégiens, c’est peut-être un seul qui arrive à l’université, ce qui fait qu’ils sont livrés à eux-mêmes, et d’autres sont obligés d’apprendre un petit métier».
Une journée vue comme une lueur d’espoir
La Journée internationale des personnes en situation de handicap est une lueur d’espoir pour elles; espoir d’abord de se sentir aimer et d’être considérées comme membre de la société. C’est un sentiment partagé par Nina Joelle Comoé qui fait partie de Aube nouvelle, une association qui regroupe en son sein, tous les aveugles catholiques de Côte d’Ivoire. «Le fait de savoir que le monde entier pense à nous, réjouit fortement et nous encourage à bien vivre. Nous savons que nous ne sommes pas seuls, ça nous donne la force de vivre», a-t-elle fait savoir. Pour Louis Armand, c’est une journée qui «nous invite à se prendre en charge, à sortir de l’assistance et Å“uvrer pour notre propre autonomie».
la Journée internationale des personnes handicapées est célébrée chaque année le 3 décembre à travers le monde. Elle vise à promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société et du développement, et à accroître la sensibilisation à leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle.
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