RD Congo: mise au point de la CENCO sur l’irrégularité de la paie des enseignants
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
Depuis plus d’une année, il s’observe une irrégularité déconcertante dans la paie des enseignants se trouvant dans les zones non couvertes par les banques, généralement confiée par le gouvernement à la Société de Micro-Finance Institution Financière pour les Å’uvres de Développement (SMF IFOD SA avec CA), utilisée par les Caritas diocésaines sur le plan opérationnel.
Il s’avère que, dans certaines provinces de la République Démocratique du Congo (RDC), cette paie accuse un retard de deux à trois mois. La gravité de la situation de ces pauvres enseignants, n’ayant nulle autre ressource financière que leur maigre salaire, ne leur permet pas de faire des économies. Il en résulte que plusieurs d’entre eux s’adonnent à des prêts avec intérêts pour survivre, ce qui ne fait qu’accroître la précarité de leurs conditions de vie. C’une réalité que la CENCO dénonce puisqu’elle porte atteinte à la dignité humaine.
Les efforts des Caritas diocésaines vus d’un mauvais Å“il
Face à cette situation, la CENCO a enregistré beaucoup de réactions contre les Caritas diocésaines, accusées à tort comme responsables des retards de paie à répétitions. D’aucuns vont jusqu’à affirmer que l’Eglise fait du commerce avec le salaire des enseignants, qu’elle intercepte en vue d’en tirer quelques intérêts. En outre, dans certains diocèses, les enseignants intoxiqués par ces rumeurs organisent des marches de protestation contre les Caritas, dénigrant par moment les membres du clergé et portant parfois la main sur des religieux.
Pour sa part, la CENCO atteste que, dans la plupart des cas, ces fausses rumeurs sont alimentées, d’une part, par des acteurs politiques en mal de bilan, qui cherchent à donner l’impression de s’occuper adéquatement de leur population; et d’autre part, par des personnes qui réfléchissent en termes d’affaires, prétendant être plus aptes que les Caritas. «Nous sommes devant une injustice et une ingratitude que nous ne pouvons pas taire. C’est pourquoi, nous voulons par cette mise au point éclairer la lanterne de tous ceux qui sont dans l’ignorance et qui croient que l’Eglise a une part de responsabilité dans ce drame que vit injustement les enseignants», écrit la CENCO dans son compte-rendu.
Brève historique à titre d’éclaircissement
L’accord entre le gouvernement congolais et la Conférence Episcopale Nationale du Congo sur la paie des enseignants, signé en août 2011, engageait l’Etat à payer à la CENCO 5% des frais de déploiement sur le total de l’enveloppe globale, et à prendre en charge les frais de transfert. La CENCO, pour sa part, s’employait à payer les salaires par l’IFOD/Caritas endéans 7 jours dès la réception des fonds.
Cependant, l’Etat congolais n’a pas honoré ses engagements car, jusqu’à présent, il ne prend pas en charge les frais bancaires au point que ce compte accuse un débit de 21 milliards de francs congolais. En plus, unilatéralement, le ministère des finances a réduit les frais de déploiement à 4%, et actuellement à 3%, alors que dans la plupart des territoires confiés à Caritas pour la paie, les routes se sont détériorées de manière indescriptible, rendant la mobilité plus coûteuse.
Principaux facteurs des retards accumulés
Certes, le non-respect des engagements du gouvernement affecte la qualité du service que la CENCO est appelée à rendre aux enseignants. Toutefois, d’après la Conférence Episcopale Nationale du Congo, cela ne justifie pas le retard des salaires de plusieurs mois, que connaissent quelques territoires desservis par IFOD/CARITAS, qui s'impose d’énormes sacrifices pour continuer à payer le plus tôt possible. Elle a donc identifié quatre principaux facteurs de ces retards, à savoir la livraison tardive des listings par la direction de la paie; la réception tardive des fonds; l’exécution tardive des ordres de virement par Equity BCDC; et le manque de liquidité en grosses coupures à Equity BCDC «qui peut amener à un retard de 10 semaines», a déploré la CENCO.
Démarches menées par l’IFOD
Dans la recherche d’une solution durable, l’IFOD a approché la Banque Centrale et celle-ci a proposé de renflouer des agences où certaines Caritas pourront s’approvisionner. Cette pratique ne donne pas encore des résultats escomptés car, «à chaque retrait, il se pose toujours le problème de liquidité dans les agences de la Banque Centrale en province. Les agents de Caritas passent parfois 10 jours d’attente ou plus», a attesté la CENCO. Toutefois, «les discussions continuent avec la Banque Centrale pour arriver à une solution beaucoup plus efficace. Nous apprécions l’attention que la Banque Centrale accorde actuellement à ce dossier», a -t-elle indiqué en concluant sur une note d’espérance et en lançant, au nom des enseignants congolais, un cri de détresse au gouvernement pour qu’il respecte le protocole d’accord signé avec la CENCO en leur faveur.
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