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Pro-Bazoum demonstrators gather outside Niger's embassy, in Paris

Niger: des appels à la prière et au jeûne pour éviter la guerre et le chaos

Des 鱹ê±ç³Ü±ð²õ du Niger et de l’Afrique de l’Ouest ont lancé des appels à trois jours de prière et de jeune pour éviter au pays sahélien la guerre et le chaos. L’archevêque de Niamey, Mgr Laurent Lompo s’est exprimé contre les sanctions et les différentes menaces d’attaque des institutions sous-régionales qui pèsent sur les populations du Niger et les plongent dans l’inquiétude et la peur.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Pour éviter à leur «cher pays la guerre et le chaos», les évêques du Niger convient leurs fidèles à trois jours de prière le 13, 14 et 15 août 2023. Ils ont par ailleurs déclaré le vendredi 18 août journée de jeune dans les deux diocèses du pays, Niamey et Maradi. Dans chaque paroisse, précise le communiqué signé le 10 août par Mgr Laurent Lompo, archevêque de Niamey, les fidèles se rassembleront pour réciter le chapelet et célébrer ensuite l’eucharistie; selon le moment qui convient. Les évêques nigériens rassurent suivre de près les événements et expriment leur préoccupation face la situation qui prévaut dans leur pays.

Suivre Mgr Laurent Lompo, archêveque de Niamey (Niger)

Abordant dans le même sens, la Conférence épiscopale réunie de l’Afrique de l’Ouest (Cerao) ainsi que les évêques de la Côte d’Ivoire ont lancé des appels à prier en solidarité avec le Niger, «en demandant à Dieu de sauver la Nation du chaos, de l’anarchie et de la guerre». Le président de la Cerao, Mgr Alexis Touably Youlo appelle par ailleurs les institutions internationales et sous-régionales à prendre «en considération la souffrance de la masse populaire dans toutes les décisions qu’elles prennent sur le Niger».

Suivre Mgr Alexis Touably Youlo, président de la Conférence épiscopale réunie de l’Afrique de l’Ouest (Cerao)

Les sanctions et les menaces d’attaque plongent les populations du Niger dans l’inquiétude et la peur

Mgr Lompo souligne que les sanctions et les différentes menaces d’attaque des institutions sous-régionales pèsent sur les populations du Niger et les plongent dans l’inquiétude et la peur. Depuis le coup d’Etat du 26 juillet, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a suspendu le pays sahélien de plusieurs accords et maintient la pression pour le retour à l’ordre constitutionnel. L’organisation ouest-africaine n’écarte pas la possibilité d’une intervention militaire.

La dignité du peuple nigérien est plus importante qu’une intervention militaire

Dans une interview accordée à Pope, l’archevêque de Niamey, a estimé que les interventions doivent plutôt aller dans le sens de redonner au peuple du Niger la paix et la stabilité. Pour lui, l’attention de la communauté internationale devrait plutôt être attirée sur la souffrance que la population endurait déjà, avec près d’«1 200 000 déplacés internes, sans nourriture, ni logement; ainsi que des écoles fermées». Mgr Lompo appelle à conjuguer les efforts pour restaurer le peuple nigérien dans sa dignité, plutôt que de penser à une intervention militaire qui empêcherait davantage l’entente sociale et la cohésion dont les nigériens ont besoin. Il appelle les chrétiens, les musulmans et d’autres croyants du Niger et d’autres pays africains à intensifier leurs prières pour refaire l’unité nationale. L’évêque nigérien a exprimé sa gratitude à la Cerao (Conférence épiscopale réunie de l’Afrique de l’Ouest) pour ses marques de soutien.

Éviter l’effusion du sang au Niger. Les guerres ne résolvent rien

S’exprimant au sujet de la préoccupante situation au Niger, le président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN), Mgr Lucius Iwejuru Ugorji, a appelé le président du Nigeria, qui préside également la Cédéao, Bola Ahmed Tinubu, à dissuader les chefs d’État de l’organisation sous-régionale, pour ne pas lancer une expédition militaire au Niger. L’évêque d’Owerri a rappelé le poids des pertes en ressources humaines et matérielles subit par le Nigeria lors de l’intervention de l’Ecomog (Economic Community of West African States Monitoring Group) en Sierra Leone dans les années ’90. Pour Mgr Lucius Iwejuru Ugorji, «Si nous disons non aux coups d’État, nous disons aussi non à la guerre, quelle qu'en soit la raison. Nous disons non à la manipulation des résultats des élections car c'est aussi une autre forme de coup d’État».

Pour l’évêque d’Owerri, il est préférable de dialoguer plutôt que d’entamer une guerre dont personne ne peut prédire la fin, ni les conséquences. Les guerres ne résolvent pas les malentendus et les mesures palliatives ne remédient pas aux difficultés économiques. Il faut ainsi éviter de «verser du sang humain précieux, [car] deux torts ne peuvent jamais faire un bien».

La Cédéao maintient la pression sur le Niger

Lors de sa deuxième réunion sur le Niger jeudi 10 août, la Cédéao a activé sa force en attente pour le retour à l’ordre constitutionnel suite à l’expiration de l’ultimatum d’une semaine donné aux militaires nigériens au pouvoir et qui a expiré lundi 7 août à zéro heure. Elle a aussi maintenu ses sanctions contre le Niger. Pour le président ivoirien Alassane Ouattara, la restauration de l’ordre constitutionnel devrait intervenir «dans les plus brefs délais». Chaque pays devra fournir un bataillon pour former cette force d’intervention, a-t-il précisé. Le bloc ouest-africain espère toutefois parvenir à une résolution pacifique de la crise

Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, (CNSP) organe militaire au pouvoir au Niger depuis le coup d’Etat du 26 juillet, a annoncé la formation d’un gouvernement dans la nuit de mercredi à jeudi 10 août. Il est dirigé par l’économiste Mahaman Lamine Zeine, et comprend 20 ministres. Vendredi 11 août, l’Union Africaine, l’ONU et d’autres organisations ont exprimé leurs préoccupations face à la détérioration des conditions de détention du président Mohamed Bazoum, renversé fin juillet par les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Niger.

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11 août 2023, 13:00